Sur l'autel des bêtes
Je m’avance fragile
sur la voix des oiseaux.
Je m’avance debout
sur la voie des parias.
Je ne rampe pas, je crie.
Je romps le pain des mots
à la lueur des fusils.
Je ne plie pas, je prie
sur l’autel des bêtes.
Je bâtis ma demeure
avec les pierres qu’on me lance.
J’ouvre la porte aux ouragans,
Aux éclairs, aux chevreuils.
Je ne déserte pas.
J’avance dans la nuit,
une luciole au doigt
tenant tête au néant,
une chandelle à la main
tenant tête aux néons.
Les deux poings désarmés,
je ne plie pas l’échine.
Je grave le mot paix
dans la clarté pierreuse.
J’avance comme un arbre
jusqu’à toucher le ciel
de la pointe des feuillages.