Du sel sur la peau
Il y a du noir entre les mots,
trop de sang sur la page.
Il faut refaire le feu
Dans les clartés éteintes.
Il y a trop de sel sur la peau,
trop d’huile sur la plage,
trop de plomb dans les ailes.
On cherche trop de poux
dans la tête d’un caillou,
trop d’argent dans les arbres.
Il y a trop de genoux
sur les tapis de prières,
trop de cendres à porter.
Il y a trop de dollars,
pas assez de pain frais.
Il y a trop de poivre
dans le bol des larmes,
pas assez d’os pour la soupe.
Il y a trop de peau
sous la griffe des chiffres,
trop de banquier, trop de marchands,
trop de cagoules d’ombre.
Il y a trop de mines
sur le chemin du cœur,
trop de drapeaux plantés
sur le crâne des morts,
pas assez de mine dans le crayon.
Il y a trop de clous
dans les planches de salut,
trop de trous dans les mots,
trop de vers dans la pomme,
pas assez de fruits dans le verger.
Il y a du noir entre les jours,
trop de murs entre les hommes,
trop de tragique dans les yeux.
Il faut refaire le jardin
poème publié dans le numéro 4 de la revue Point Barre, à l'Ile Maurice