Demeure

Publié le par la freniere


J'habite ici.
J'habite ailleurs.

Je n'habite pas un portefeuille.
J'habite un vers de Cadou.
J'habite une page d'écriture.
J'habite l'encre et le papier.
J'habite la chair et l'absolu.

Je n'habite pas dans une usine.
J'habite la fraise et le pinceau,
une cerise ou un caillou.
Je n'habite pas derrière l'écran.
J'habite la soif des parias,
la main tendue le poing dressé.
J'habite le pain que l'on partage.
J'habite le chant des hirondelles.

Je n'habite pas dans une église.
J'habite le feu pris en otage.
J'habite la bouche d'un volcan.
J'habite la neige et l'au-delà.
Je n'habite pas le temps.
J'habite l'infini

Je n'habite dans un palace.
J'habite dans une iourte,
un tipi, un igloo.
Je n'habite pas dans un carré.
J'habite les ronds dans l'eau,
la danse de la pluie
et les signaux de fumée

Je n'habite pas dans un habit.
J'habite ma peau et ma parole,
le patois des anciens,
la parlure des freux,
la pelure des gestes
qui s'ouvre sur le cœur,
l'impatience du vent,
la patience des rocs,
la patine et la paix.

J'habite l'espérance,
la tendresse et l'amour.

 




Publié dans Poésie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
J'habite les mêmes endroits que vous. J'aime beaucoup ce que vous écrivez. Je viens souvent sur votre site en visiteuse muette mais émueMerci pour ce partage. Roseline
C
Ce texte est un écho du texte de Colette. Il vibre d'intensité, d'émotions, de douleur.Très beau. "jhabite ma peau et ma parole". Tout l'extrait est émouvant et magnifique.Cela me donne la chair de poule
J
 Où tu habites, même le poing dressé, il y a un morceau du pays des frères, un coin de patrie où, aussi j’habite, dans l’espérance, la tendresse et l’amour
C
Merci com ... pagnon pour ce pain des mots partagés