Ta ligne de vie

Publié le par la freniere

Ta ligne de vie est un roman sans fin. Elle apporte la pluie aux oiseaux secs sur les branches, la chaleur à la neige, la force aux galets morts, la chlorophylle aux mots. Elle redonne sa chair au squelette du temps, sa lucarne au grenier. J’avance en toi jusqu’au fin bout des lignes pour comprendre la vie. Je suis en vie. Je nais. Je touche la lumière et les parfums du monde. Je touche ta main nue pour allumer le feu. L’amour fait de l’homme un phénix, du désert une source. Tu es mon pain au goût de femme.

J’ai trouvé tes mots sous la doublure de l’hiver. Ils réchauffent mon cœur mieux qu’une corde de bois. J’ai retrouvé les mots pour faire l’amour, les gestes pour l’écrire, la chair sous l’image, la sève sur la page. Je cache mes paroles sous ta robe à silence, tes baisers sous ma langue, tes gestes sous ma blouse. Je ne serai plus seul à compter les orteils des arbres, à parler aux oiseaux, à dessiner la lune avec des yeux de biche, à planter sur le sable des racines à bonheur. Le tremplin n’existe plus. Nous montons sans aide pour saluer la terre. Nous sommes la salive dans la rumeur des langues, l’énergie dans les vagues, le feu d’une comète qui ne s’éteint jamais. Lorsque je mets l’amour en mots, j’ai ton aube à la bouche.

Je t’écris pour te dire que j’ai encore des doigts. Ils font des mots en t’attendant. Ils font des mots croisés comme tes lignes dans mes mains. Je regarde ta photo pour être sûr d’avoir des yeux. C’est vers toi que je marche pour ne pas m’enliser. Sur une île trouvée au milieu de la neige, je pense à toi soir et matin. Son eau transforme en sable tous mes châteaux de glace. Quand il pleut, c’est ta voix qui descend des nuages.

Le monde est une femme quand je t’aime. Les hanches des forêts accueillent des caresses. La rosée perle au pubis de l’aube. Les bras du fleuve ont la force des épaules. Mes mains se tendent pour le pain, la bouche du soleil sur une colline ronde. La vie est mûre comme un fruit dans le berceau des arbres. Mon âme va d’un pas de bête vers ton étable de lumière. Avec toi la beauté a pris toute la place, la bonté, la mystique, l’extase. Je t’aime. Ces trois mots sont plus forts que les mille mots des livres. Il a suffit que tu les dises pour que ma vie s’éclaire.
(...)

Publié dans Prose

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