Une échelle orpheline
Pour ceux qui s'aiment et osent le dire, y aura-t-il toujours des prisons qui attendent et les bras d'une chaise où se bercent les fous ? À peine les femmes torchent-elles un enfant, elles doivent déjà laver les habits d'un soldat. Aussi loin qu'on peut voir, la peur fait des siennes. La couleur de la peau sert encore de drapeau. Quand un enfant saute sur une mine, il n'y a pas de ralenti ni d'une pause sur arrêt. Le sang ne sèche pas dans les villes assiégées. Œil pour œil. Dent pour dent. On vient de partout adorer le dollar, laissant son cœur en pourcentage, son âme à la consigne. La haine rapporte plus que les poignées de main.
Je voudrais partager l'eau fraîche comme un fruit. Je cherche sous les masques un sourire d'enfant. Je ne vois qu'un rictus assoiffé de pétrole. De quelle chrysalide attendre un peu d'espoir quand les insecticides détruisent déjà les ailes ? Sous l'écorce des arbres, je ne vois plus vraiment que l'ombre d'un cercueil et le bois des matraques alourdissant les branches. Les hommes sont pressés. Ils traversent la mer sans apprendre à nager. La vérité se perd dans le fatras des lieux communs. Il n'y a plus de philosophes mais des porteurs d'affiches. Il n'y a plus de sages mais des vieillards séniles qui comptent leur monnaie. Les fleurs s'étiolent dans une serre envahie par le givre. Je rafistole avec des mots une échelle orpheline.
Il ne sert à rien d'exciter les couteaux. Le temps se charge des blessures du cœur. Le pain maigrit dans les assiettes. Les oiseaux fanent dans le vase d'un arbre, jonchant le sol humain de plumes et de pétales. Quand les mots se rencontrent, ils se battent parfois à coups de points et de virgules. Ils aboient dans ma voix et font peur au silence avec leur double sens. Ils se faufilent dans le bois mort des murs et picorent les clous. Ils peuvent à tout moment se pendre au pied de la lettre. Certains jaunissent entre mes dents et d'autres font du vent. Je porte leur valise dans la prose des jours. Je troque leur folie contre le bruit du monde. J'avance mot à mot sur une herbe invisible. Je titube entre le point du jour et le lit des rivières, la foudre de l'instant et la lenteur du sable, la colère des orties et la paix des jardins.
Je compose mes phrases avec l'herbe et le vent, la danse des samares, la musique des choses, la cendre qui témoigne du passage du feu, la chair du soleil dans un jardin mouillé. Je traverse, une lumière au poing, la cécité des murs. Je soulève d'un mot les hanches de la vie. J'apprends à rire au milieu des orages, à ramasser du foin dans un panier de neige. Les yeux agenouillés sur la page du ciel, je mêle mes images à la prière des étoiles. Je fais de chaque chose un paquet d'espérance.
Je voudrais partager l'eau fraîche comme un fruit. Je cherche sous les masques un sourire d'enfant. Je ne vois qu'un rictus assoiffé de pétrole. De quelle chrysalide attendre un peu d'espoir quand les insecticides détruisent déjà les ailes ? Sous l'écorce des arbres, je ne vois plus vraiment que l'ombre d'un cercueil et le bois des matraques alourdissant les branches. Les hommes sont pressés. Ils traversent la mer sans apprendre à nager. La vérité se perd dans le fatras des lieux communs. Il n'y a plus de philosophes mais des porteurs d'affiches. Il n'y a plus de sages mais des vieillards séniles qui comptent leur monnaie. Les fleurs s'étiolent dans une serre envahie par le givre. Je rafistole avec des mots une échelle orpheline.
Il ne sert à rien d'exciter les couteaux. Le temps se charge des blessures du cœur. Le pain maigrit dans les assiettes. Les oiseaux fanent dans le vase d'un arbre, jonchant le sol humain de plumes et de pétales. Quand les mots se rencontrent, ils se battent parfois à coups de points et de virgules. Ils aboient dans ma voix et font peur au silence avec leur double sens. Ils se faufilent dans le bois mort des murs et picorent les clous. Ils peuvent à tout moment se pendre au pied de la lettre. Certains jaunissent entre mes dents et d'autres font du vent. Je porte leur valise dans la prose des jours. Je troque leur folie contre le bruit du monde. J'avance mot à mot sur une herbe invisible. Je titube entre le point du jour et le lit des rivières, la foudre de l'instant et la lenteur du sable, la colère des orties et la paix des jardins.
Je compose mes phrases avec l'herbe et le vent, la danse des samares, la musique des choses, la cendre qui témoigne du passage du feu, la chair du soleil dans un jardin mouillé. Je traverse, une lumière au poing, la cécité des murs. Je soulève d'un mot les hanches de la vie. J'apprends à rire au milieu des orages, à ramasser du foin dans un panier de neige. Les yeux agenouillés sur la page du ciel, je mêle mes images à la prière des étoiles. Je fais de chaque chose un paquet d'espérance.