L'humus et le frimas
On a tué le rêve sans laisser de cadavre. Le cœur sous zéro ralentit sa cadence. Entre l'humus et le frimas, je traque des images sous le pergélisol. Chaque flocon a la forme d'une lettre. Sur la page encore blanche, je laisse fondre la neige pour faire du café. Des poissons d'encre flottent dans les tasses ébréchées comme de petits icebergs. Le soleil brille sur la glace en millier d'arcs-en-ciel. Dans mon oumiak littéraire, la voix est une rame. Je pêche les mots par un trou dans la glace, de vieux souvenirs dans un trou de mémoire. La pointe du stylo me sert de harpon. Sur les visages du froid, le vent remue les lèvres dans un extrême bouche à bouche. Quand les mots jappent sur la neige des pages, mon stylo sert de musher. Il transporte du rêve dans le traîneau des phrases. Peu importe le sens, dans la course des mots, le silence est toujours en avance.
Les perce-neige attendent un premier rendez-vous. Le visage des champs reparaît par endroits. Les fleurs s'habillent dans les germes avant d'ouvrir le bal. Le squelette d'hiver fondra sous le soleil. Son eau viendra gonfler la saveur des sèves. Orioles, carouges, fauvettes sont à portée de l'ouïe, les mésanges en émoi aux perches des clôtures. La lumière bave sous l'écorce. Les poils des lièvres retrouvent leurs couleurs. Un enfant tire un enfant par la main qui tire un autre enfant, c'est moi, du feu dans les yeux, de la neige dans l'âme. Je patine sans lame sur la glace trop mince.
Le soleil brille sur la buée des vitres et fait des trous dans le malheur. La terre change de peau. L'hiver enlève sa chemise de neige. Le deuil se change en danse. La grisaille des rues se transforme en chaleur. Les statues de givre se défont, corps et âme. Les arbres ne remontent plus leur écorce jusqu'au cou. Les gouttières pleurent aux épaules des maisons. Les écureuils ont faim dans le ventre des arbres. Ils sortiront tantôt saluer le soleil. La terre s'éveille sous ses guenilles végétales. Un vent plus chaud titille les aisselles des branches provoquant le fou rire des arbres. Dans le champ du voisin, le vieil épouvantail redresse son échine. Les pas rangés dans le placard se remettent à bouger. Les fantômes frileux recommencent à marcher, une valise invisible au bout de chaque bras.
Déjà le vert des bourgeons fait pâlir la neige. On ramasse les œufs de Pâques dans les nids de poule des villes. Les nœuds de l'espérance forment une échelle de corde. Des oiseaux s'y balancent avant de s'envoler. Les trous entre les silences se remplissent d'images. Sur les rampes des galeries, le vent s'apprête à battre les tapis, remplaçant la poussière par un pollen solaire. La sève monte dans le mercure des arbres. L'odeur des pivoines remplacera bientôt les senteurs de pauvre. La débâcle agrandit le grand corps du fleuve. Rognant les parenthèses de l'hiver, les maisons gesticulent de toutes leurs fenêtres. La langue fait claquer son langage d'avril. Je déplie une à une les pages de la vie. Dribblant avec les mots, je lance mon ballon dans les bras de la route.
Les perce-neige attendent un premier rendez-vous. Le visage des champs reparaît par endroits. Les fleurs s'habillent dans les germes avant d'ouvrir le bal. Le squelette d'hiver fondra sous le soleil. Son eau viendra gonfler la saveur des sèves. Orioles, carouges, fauvettes sont à portée de l'ouïe, les mésanges en émoi aux perches des clôtures. La lumière bave sous l'écorce. Les poils des lièvres retrouvent leurs couleurs. Un enfant tire un enfant par la main qui tire un autre enfant, c'est moi, du feu dans les yeux, de la neige dans l'âme. Je patine sans lame sur la glace trop mince.
Le soleil brille sur la buée des vitres et fait des trous dans le malheur. La terre change de peau. L'hiver enlève sa chemise de neige. Le deuil se change en danse. La grisaille des rues se transforme en chaleur. Les statues de givre se défont, corps et âme. Les arbres ne remontent plus leur écorce jusqu'au cou. Les gouttières pleurent aux épaules des maisons. Les écureuils ont faim dans le ventre des arbres. Ils sortiront tantôt saluer le soleil. La terre s'éveille sous ses guenilles végétales. Un vent plus chaud titille les aisselles des branches provoquant le fou rire des arbres. Dans le champ du voisin, le vieil épouvantail redresse son échine. Les pas rangés dans le placard se remettent à bouger. Les fantômes frileux recommencent à marcher, une valise invisible au bout de chaque bras.
Déjà le vert des bourgeons fait pâlir la neige. On ramasse les œufs de Pâques dans les nids de poule des villes. Les nœuds de l'espérance forment une échelle de corde. Des oiseaux s'y balancent avant de s'envoler. Les trous entre les silences se remplissent d'images. Sur les rampes des galeries, le vent s'apprête à battre les tapis, remplaçant la poussière par un pollen solaire. La sève monte dans le mercure des arbres. L'odeur des pivoines remplacera bientôt les senteurs de pauvre. La débâcle agrandit le grand corps du fleuve. Rognant les parenthèses de l'hiver, les maisons gesticulent de toutes leurs fenêtres. La langue fait claquer son langage d'avril. Je déplie une à une les pages de la vie. Dribblant avec les mots, je lance mon ballon dans les bras de la route.