Ouvrez les parenthèses
On a remplacé les vitraux d'église par des icones sur écran. Les mêmes ouailles adorent le clinquant des vitrines. Les snobs d'un côté se dépensent en niaiseries, de l'autre les quétaines en babioles japonaises. On ne gosse plus de cœur dans le bois des épaves. On naufrage à la pièce dans le puzzle du monde. On cote les pièces manquantes sur le parquet de la Bourse. On cot-cot. On coltine de grands paquets de vide. On coups de poing sur les murs. On coups d'épée dans l'eau. On coupe la parole et les cheveux en quatre. On cogne sur les doigts. Les hommes gesticulent, discutent, achètent et vendent mais ce n'est pas la vie. Elle est restée là-bas dans l'enfant que j'étais. Je la retrouve parfois dans les mots des rêveurs, les images des peintres. Je l'entends battre pour de vrai dans les notes de musique. Du band de garage à l'orchestre symphonique, il n'y a pas une note plus importante que l'autre. Tous les sons prennent racines dans le sol du silence. Un seul harmonica peut soulever le monde où un orchestre entier pousse à peine un soupir.
On parle dans le vide. Toutes les phrases sont un pont au-dessus de l'abîme. Quand les mots tombent sur la page, des images se dressent. Les idées naissent au hasard. Les fleuves qui coulent vers la mer continuent dans la tête. Quand les moutons s'enragent, les mailles cèdent dans le confort laineux. Je traîne de l'encre avec mes pieds, réparant les accrocs, ravaudant les trous noirs. Je fais battre le cœur dans les veines sémantiques. Soudain j'ai le vertige au milieu de la phrase. Je m'accroche à la vie. La ligne d'horizon est une barre d'équilibre. Mot à mot, je remonte la pente. Je glisse et me relève. J'ouvre les parenthèses d'un seul coup d'épaule. D'un coup de langue, je rafraîchis la page. J'attrape l'alphabet avec la peau des dents. Affalée sur le sol, la pomme vit dans ses pépins. La fleur en fanant prépare une autre fleur. Sur la portée des mots, chaque voyelle chevauche la ligne d'horizon. J'époussette le temps sans épouser les heures. Je lis entre les lignes sur une main de papier. Je dessine un oiseau et je le fais chanter.
Les téléphones portables infectent la parole. Les images virtuelles ont remplacé les yeux. Brinquebalante et sonore, la brouette des mots change de ton sous la patine de l'encre. Quand elle git renversée sur le sol, la roue du silence tourne à vide et fait grincer des dents. Je la redresse d'une pelletée d'images et la pousse au jardin. Il faut refaire le sol, amender les couleurs, planter d'immenses fleurs sonores entre les ondes hertziennes, couvrir d'images végétales le verre des écrans. Ça commence par un poil sur la langue, des racines dans la gorge, des bulles d'air dans une phrase. Une forêt entière envahit la parole. Des voyelles d'oiseau s'interpellent dans les branches. Des mots éclosent dans les nids, traçant des vols d'encre sur la page du ciel, de l'abc des cancres au v sonore des outardes. Devant l'état des routes sur la carte du monde, il importe moins de réparer le moteur que de rester sur place à essayer d'aimer. Les caresses vont plus loin que les avions de ligne. Elles traversent le temps. Elles soulèvent l'espace et la capote du ciel pour respirer plus large.
On parle dans le vide. Toutes les phrases sont un pont au-dessus de l'abîme. Quand les mots tombent sur la page, des images se dressent. Les idées naissent au hasard. Les fleuves qui coulent vers la mer continuent dans la tête. Quand les moutons s'enragent, les mailles cèdent dans le confort laineux. Je traîne de l'encre avec mes pieds, réparant les accrocs, ravaudant les trous noirs. Je fais battre le cœur dans les veines sémantiques. Soudain j'ai le vertige au milieu de la phrase. Je m'accroche à la vie. La ligne d'horizon est une barre d'équilibre. Mot à mot, je remonte la pente. Je glisse et me relève. J'ouvre les parenthèses d'un seul coup d'épaule. D'un coup de langue, je rafraîchis la page. J'attrape l'alphabet avec la peau des dents. Affalée sur le sol, la pomme vit dans ses pépins. La fleur en fanant prépare une autre fleur. Sur la portée des mots, chaque voyelle chevauche la ligne d'horizon. J'époussette le temps sans épouser les heures. Je lis entre les lignes sur une main de papier. Je dessine un oiseau et je le fais chanter.
Les téléphones portables infectent la parole. Les images virtuelles ont remplacé les yeux. Brinquebalante et sonore, la brouette des mots change de ton sous la patine de l'encre. Quand elle git renversée sur le sol, la roue du silence tourne à vide et fait grincer des dents. Je la redresse d'une pelletée d'images et la pousse au jardin. Il faut refaire le sol, amender les couleurs, planter d'immenses fleurs sonores entre les ondes hertziennes, couvrir d'images végétales le verre des écrans. Ça commence par un poil sur la langue, des racines dans la gorge, des bulles d'air dans une phrase. Une forêt entière envahit la parole. Des voyelles d'oiseau s'interpellent dans les branches. Des mots éclosent dans les nids, traçant des vols d'encre sur la page du ciel, de l'abc des cancres au v sonore des outardes. Devant l'état des routes sur la carte du monde, il importe moins de réparer le moteur que de rester sur place à essayer d'aimer. Les caresses vont plus loin que les avions de ligne. Elles traversent le temps. Elles soulèvent l'espace et la capote du ciel pour respirer plus large.