Dans le crâne du progrès

Publié le par la freniere


Comptant ses poules et ses poulies
le capital resserre son boulon sur l'écrou de la vie.
Le Père Crédit fait son beurre dans l'espérance des pauvres gens.
Les neurones font la guerre dans le crâne du progrès.
Les nouvelles de six heures départagent les cadavres et la faim des enfants.
La ménopause fait son lit dans la névrose des gurus.
La dent du rêve carie dans la gencive du sommeil.
Les sourds gesticulent sur l'écran des portables.
Le pétrole s'enrôle dans le béton armé.
L'œil s'allume et s'éteint au rythme des écrans.
La pieuvre des ronds-points fait clignoter ses phares
comme des pièces de monnaie.
Sur le comptoir des banques le nègre compte pour un sou noir.
La vie même se meurt crucifiée sur un chèque.
Criblée de matricules et de chiffres à zéro
la terre tourne en rond comme un cercle vicieux.
L'étincelle des silex a perdu son pouvoir.
Voit-on plus loin que le bout de son nez ?
Voit-on plus loin que sa carte de crédit
quand les rayons laser remplacent les lunettes ?
Les riches sont plus riches.
Les pauvres sont plus pauvres.
Leurs enfants naissent au dépotoir à l'ombre des gratte-ciel obèses.
Quand il fait froid jusqu'à l'os, ce dernier sert pour la soupe.
Même les chiens sont malheureux.
Les arbres ont peur des skideuses et des moineaux radioactifs.
Le cœur fait tilt au moindre choc et refuse de battre.
La vérité rit jaune sous sa cagoule fatiguée.
Chacun cherche une route pour justifier ses pas
et se perd en partant égaré par l'envie.

Publié dans Poésie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article