La terre promise
la main tendue d'un arbre,
son ombre déployée
comme un auvent d'espoir.
Nous préférons la peur
dans les yeux d'un chevreuil,
les secrets d'état
derrière les portes closes,
les rumeurs d'hôpital,
le tintement des cashs,
le sabir des affaires
dépliant son portable.
Nous oublions qui nous sommes
sous les capots chromés,
les moteurs encore chauds,
les pneus qui crissent.
Nous perdons l'odorat
dans l'huile et la poussière,
les mobiles du cœur
dans les affaires immobilières.
Nous préférons l'écran
à la douceur des yeux,
l'étole de vison
au visa du visage,
la prose des journaux
aux roses du poète,
le cristal du verre
à la fraîcheur de l'eau
et l'or des vitrines
aux rêves d'herbe verte.
Nous prélevons le cœur
sur ce qui est vivant
pour en faire du profit.
La terre promise aux riches
est celle qu'on nous vole.