Faute de frappe
Je parle d'une guerre que je ne connais pas.
Ce sont les mots qui en portent les morts,
les blessures, les souffrances.
Toutes les guerres sont horribles.
Toutes les guerres sont sales.
Toutes les guerres sont injustes.
Toutes les banques sont guerrières.
Toutes les religions versent le sang.
Tous les comptables comptent les armes
comme on compte les heures.
L'important n'est-il pas d'aimer,
écrire pour quelqu'un même pour rien,
s'acharner contre la haine,
le profit, la morale des riches,
poser des phrases entre la cible et le tireur,
conjuguer la conscience avec la tendresse,
la tête sur les épaules et le cœur sur la main,
le savoir et la paix, la science et l'infini,
parcourir sans peur les zones insoupçonnées,
réhabiliter le visage contre le voile,
le troc contre la Bourse, l'argile contre le fer,
franchir au coude à coude les barbelés du pire,
sauvegarder les pépins parmi les fruits chargés de balles,
faire entendre à chacun l'angoisse des victimes,
les cris d'Hiroshima, d'Halabja, de Jénine,
mettre les yeux de l'un dans le regard de l'autre,
refaire l'arc-en-ciel dans la poussière des larmes,
ajuster le partage à la faim de chacun.
Ni à la banque ni à la Bourse ni à toi ni à moi,
la terre est à la terre.
La tendresse des louves creuse un trou dans l'orage
pour protéger ses petits.
Les assassins sont au pouvoir.
Nous connaissons leur tête, leurs fêtes, leur salaire,
leur âme de salaud camouflée pour la messe.
Je n'ai pas d'autre monde que celui qu'on mutile,
qu'on spolie, qu'on détruit.
Trop loin de ceux qui vont mourir
dans l'anonymat des victimes
protégeant leur lumière avec la peau de l'ombre,
je ne laisserai pas ma part de rêve, de révolte et d'amour
pliée dans la valise de l'âme loin des torrents de sang.
Je parle d'une guerre que je ne connais pas
avant de mourir au bas de la page
pour une faute de frappe.
Ce sont les mots qui en portent les morts,
les blessures, les souffrances.
Toutes les guerres sont horribles.
Toutes les guerres sont sales.
Toutes les guerres sont injustes.
Toutes les banques sont guerrières.
Toutes les religions versent le sang.
Tous les comptables comptent les armes
comme on compte les heures.
L'important n'est-il pas d'aimer,
écrire pour quelqu'un même pour rien,
s'acharner contre la haine,
le profit, la morale des riches,
poser des phrases entre la cible et le tireur,
conjuguer la conscience avec la tendresse,
la tête sur les épaules et le cœur sur la main,
le savoir et la paix, la science et l'infini,
parcourir sans peur les zones insoupçonnées,
réhabiliter le visage contre le voile,
le troc contre la Bourse, l'argile contre le fer,
franchir au coude à coude les barbelés du pire,
sauvegarder les pépins parmi les fruits chargés de balles,
faire entendre à chacun l'angoisse des victimes,
les cris d'Hiroshima, d'Halabja, de Jénine,
mettre les yeux de l'un dans le regard de l'autre,
refaire l'arc-en-ciel dans la poussière des larmes,
ajuster le partage à la faim de chacun.
Ni à la banque ni à la Bourse ni à toi ni à moi,
la terre est à la terre.
La tendresse des louves creuse un trou dans l'orage
pour protéger ses petits.
Les assassins sont au pouvoir.
Nous connaissons leur tête, leurs fêtes, leur salaire,
leur âme de salaud camouflée pour la messe.
Je n'ai pas d'autre monde que celui qu'on mutile,
qu'on spolie, qu'on détruit.
Trop loin de ceux qui vont mourir
dans l'anonymat des victimes
protégeant leur lumière avec la peau de l'ombre,
je ne laisserai pas ma part de rêve, de révolte et d'amour
pliée dans la valise de l'âme loin des torrents de sang.
Je parle d'une guerre que je ne connais pas
avant de mourir au bas de la page
pour une faute de frappe.