Chasseur de pierres

J’ai emprunté les ornières humides et profondes
Au flanc de la montagne d’Aujour
Là où l’air se raréfie
Prés du lac, au Jas des Aigues
J’adore ces moments singuliers
Où je m’échappe à moi-même
Où je décide d’aller à la rencontre de la terre
De me fondre à la glaise, à traquer les pierres
Je me sens en infidélité
L’impression étrange de tromper le monde
Un moment de solitaire intimité et d’indécence
Impartageable
Et pourtant, je ne peux garder secret
Ce que la nature m’a livré…
J’ai assisté comme un adolescent inhibé et médusé
A la première division cellulaire des pierres
Je vous la livre dans sa brutalité clinique…

Par la suite c’est comme pour les humains
Ça se multiplie, ça se multiplie
A l’infini ou presque…
Quant à l’intérieur
C’est un mystère
Je ne peux en dire plus
Plus tard peut-être…
La prochaine fois
J’espère pouvoir assister à l’acte
Je vous ramènerai alors
Promis,
La scène primitive
Des pierres
Jean-Luc Gastecelle