Jeanne Baude
Jeanine Baude est une poétesse française, née le 18 octobre 1946 à Eyguières (Bouches-du-Rhône). D.R.H. dans une entreprise privée pendant plus de vingt années, elle vit désormais sur l'île d'Ouessant (Finistère).
Elle a collaboré à de nombreuses revues européennes et étrangères et fut membre du comité de rédaction de la revue Sud de 1992 à 1997.
Membre du comité de rédaction de la revue L'Arbre à Paroles (Belgique).
Bibliographie
Île corps océan/Isla cuerpo océano (traduction en espagnol de Porfirio Mamani Macedo, L'Arbre à Paroles (Belgique) 2007
New York is New York, Tertium Éditions, 2006
Rêver son rêve, gravures de Claire Chauveau, Atelier Tugdual, 2005
Le Chant de Manhattan, suivi de Piano Words, Seghers, 2005
Colette à Saint-Tropez, Images en Manœuvre éditions, 2004
L'Adresse à la voix, Rougerie, 2003
Venise, Venezia, Venessia, Editions du Laquet, 2002
Ile Corps Océan, co-édition L'Arbre à Paroles-Ecrits des Forges, 2001
Le bol du matin, Éd. Tipaza, 2001
Labiales, A.Benoit, 2000
Un bleu d'équinoxe, avec des encres de Michel Carlin, A.Benoit, 2000
Incarnat désir (Rougerie) 1998
Océan, Rougerie, 1995
Concerto pour une roche, Rougerie, 1995
Correspondance René Char-JeanBallard 1935-1970, Rougerie, 1993
C'était un paysage, 1992, Prix Artaud 1993
Parabole de l'Eolienne, Rougerie, 1990
Ouessanes précédé de Mémoire de l'archipel suivi de Epaves étoilées, Sud, 1989
Incarnat désir, Rougerie, 1988
Eclats de sel, La Coïncidence/Le Pont de l'Epée, 1980
Les feux de l'été, La Coïncidence/Chambelland, 1977
Sur le chemin du doute, Millas-martin, 1972
Nul ne peut
descendre
falaises
ou abîmes
sans rêver
de cimes
de désordre
immanent
au risque
de tenir
dans sa main
la pierre d'utopie
*
Sur un chemin de campagne s'écraser dans l'oubli. La dérision. Etre ce pas, cette avancée encore. Là, où rien n'affleure. Peut-être commencer.
Une nouvelle gamme, un autre air, sur le piano.
La main de Clara Haskill sur mon épaule. Tu dois continuer. La ville se souvient de toi, de ce que tu as écrit.
La ville, ses lèvres, l'autre.
Le regard vacant. Une épopée. Des hommes qui meurent. Sais-tu pourquoi?
*
Dans l'océan le reflet des fenêtres. Les vitres brisées écrivent noir sur vert l'épopée. Le chant se mesure à quelques notes fortes. De la techno venue depuis la brasserie sur front de mer. Là, les enfants, pieds nus dans leurs sandales étoilées : ils scandent comme aboient les chiens, dressent leurs poitrines fraîches, affleurent aux jambes de leurs pères. Noria, suspendues et renversées les larmes.
*
La douleur, ce n'est pas seulement un mot mais la couleur des pierres. Avinées par la sueur des hommes, les jambes grèles des filles pubères ne peuvent plus courir. Lenox Avenue, ils ont tué Malcom X à l'Audubon Ballroom. Dans un square de Brooklyn les balançoires grincent sur les tournesols,les orchidées, les mains, la solitude.
*
Apprendre à lisser le texte, le corps lavé. La ville décapée de ses ors, ne restant que traces brûlées.
Il y eut même des cathédrales.
J'ai fait un grand détour pour les éviter.
Ne saisir que ce qui poudroie encore du chemin poussiéreux, des sandales usées, des bâtisseurs. Un homme simple, sa lignée dont je suis.
Dis, me passeras-tu le relais dans ce Manhattan fiévreux?
Ta peau contre ma peau.
Jeanne Baude