Véronique Tadjo

Publié le par la freniere

Véronique Tadjo est née en 1955 à Paris, mais elle a été élevée à Abidjan. Son enfance a été marquée par de nombreux voyages entrepris en compagnie de ses parents et de son frère. Son père, d'origine ivoirienne, a été un haut fonctionnaire; sa mère était peintre-sculpteur. Véronique Tadjo a un doctorat en Etudes Afro-américaines. Elle a beaucoup voyagé dans toute l'Afrique de l'Ouest, en Europe, aux Etats-Unis et également en Amérique latine. Elle a enseigné à l'Université Nationale de Côte d'Ivoire pendant plusieurs années. Actuellement, elle est écrivain et anime des ateliers d'écriture et d'illustration de livres pour les enfants dans plusieurs pays. Elle a reçu le Grand Prix Littéraire d'Afrique Noire 2005. Après quelques années passées au Kenya, puis en en Angleterre, Véronique Tadjo vit actuellement (2009) en Afrique du Sud.


 








Bibliographie :


Latérite. Paris, Hatier, 1984, poésie

A vol d'oiseau. Paris, Nathan, 1986, roman

 Le Royaume aveugle. Paris, L'Harmattan, 1991

Champs de bataille et d'amour. Paris/Abidjan, Présence Africaine/NEI, roman

A mi-chemin. Paris, l'Harmattan, 2000, poésie

L'Ombre d'Imana. Voyages jusqu'au bout du Rwanda. Arles, Actes Sud, 2000

Talking Drums. London, A & C Black, 2000. A selection of poems from Africa edited and illustrated by Tadjo.

Reine Pokou. Arles, Actes Sud, 2005


Livres pour les enfants


La Chanson de la vie. Paris, CEDA, 1989

Le Seigneur de la Danse. Abidjan, Nouvelles Éditions Ivoiriennes, 1993

Mamy Wata et le Monstre. Abidjan, Nouvelles Éditions Ivoiriennes, 1993

Grand-mère Nanan. Abidjan, Nouvelles Éditions Ivoiriennes, 1996

Si j'étais roi... Si j'étais reine... Abidjan, Nouvelles Éditions Ivoiriennes

Masque, raconte-moi... Abidjan: Nouvelles Éditions Ivoiriennes



À mi-chemin


ON NE PART PAS SANS PERDRE DU
SANG. TU REVIENS, LE COEUR PLEIN DE
BONNES INTENTIONS ET PUIS, TES YEUX
PARCOURENT LA VILLE ET TU TOMBES DE
HAUT. IL FAUT REPARTIR À ZÉRO.
TU VEUX TOUCHER LES AUTRES, CEUX À
QUI TU PENSAIS, LÀ-BAS, DANS TON EXIL
SOUTERRAIN. MAIS LEUR PEAU EST
FLÉTRIE ET LEURS VISAGES SE
CREUSENT DE RIDES ASSOMBRIES. ET
LA SOLITUDE SE LIT DANS LE FOND DE
LEURS YEUX.
LE RETOUR, AH OUI, LE RETOUR ! POUR
APPRENDRE QUE LA MORT ÉTAIT LÀ
AVANT TOI ET QUE LES OISEAUX SONT
PARTIS AVEC LES DERNIÈRES PLUIES.

EN VÉRITÉ, LA SOLITUDE N'A PAS DE
NOM, PUISQU'ELLE SE CACHE DANS LES
RECOINS DE TON CORPS. ELLE SE
CACHE EN SUIVANT LE CHEMIN DE TES
VEINES. LA LIGNE DE TA COLONNE
VERTÉBRALE; ET LE MARÉCAGE DENSE
DE TON ESPRIT EN ÉVEIL.
INTERROGE LE MIROIR BRISÉ, LES
FRAGMENTS DE TON ÂME QUI TE DISENT
LA VÉRITÉ.
INTERROGE LA CASSURE, L'ÉPARPILLE-
MENT. INTERROGE, INTERROGE JUSQU'À
L'ÉPUISEMENT.

CAR, IL A FALLU QUE NOUS NAISSIONS
SEULS. CAR, IL A FALLU TROUVER LA
LUMIÈRE AU BOUT DU TUNNEL.
CAR, IL A FALLU QUITTER LA CHALEUR
MOITE POUR L'AIR SEC DU DEHORS.


*

Je vous salue

Vous les fouilleurs de poubelles
les infirmes
aux moignons crasseux
les borgnes
les hommes rampants
vous les maraudeurs
les gamins des taudis
je vous salue.
Quel fardeau portez-vous
en ce monde immonde
plus lourd que la ville
qui meurt de ses plaies?
Quelle puissance
vous lie à cette terre frigide
qui n'enfante des jumeaux
que pour les séparer?
Qui n'élève des buildings
que pour vous écraser
sous les tonnes de béton
et d'asphalte fumant?
Vous les mangeurs
de restes
les sans-logis
les sans-abri
Quel regard portez-vous
sur l'horizon en feu?


*

Comment veux-tu

parler

de l'arbre

et de ses fruits

quand les racines

se meurent

sous la terre malade ?


*

La racine des pierres

plonge très loin dans l'oubli

elle se gave des mémoires

que la terre rejette


Véronique Tadjo

 

 

Publié dans Les marcheurs de rêve

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G
Véronique Tadjo est une écrivaine sensible. J'ai lu " L'ombre d'Imana" qui est un récit de voyage au Rwanda dans le cadre d'une résidence d'écrivains pour témoigner sur les conséquences du génocide. Le projet s'appelait: '' par devoir de mémoire". Elle dit en conclusion que le Rwanda nous concerne tous et que de l'oublier serait comme " marcher dans l'obscurité, en tendant les bras pour ne pas entrer en collision avec le futur''. Vraiment Jean-Marc, rien ne t'échappe, de la campagne où, comme Virgile, tu portes ton regard de poète!!