Mère 11

Publié le par la freniere


Tu m’as donné la voix.
J’en dessine la source
et l’estuaire du visage.
C’est vers toi que je nage
à travers tant de fleuves,
de rivières, de routes.
Ton souffle est toujours là
dans la respiration du monde.
Tu ne cesses de naître.
Tu poursuis avec nous
l’infiniment lumière.
 
J’écoute tes confidences
offertes aux racines,
tes pleurs dans les fleurs,
tes rêves sortis du cadre
dans un pas de gazelle.
Je parle avec ta voix,
la fièvre au fond du cœur,
ta douceur dans les yeux.
Tu m’ouvres encore le poing
pour en faire une fleur.
 
Tu es encore debout
traversant l’inconnu.
Tu fais sourire le foin
dans la grange aux luzernes.
Tu fais tinter la pluie
au collier des oiseaux.
Tu es si près de nous.
J’entends craquer tes pas
dans l’herbe silencieuse.
 
Je te retrouve encore
les soirs de lune chaude
quand je parle aux étoiles,
au tilleul, au jasmin,
à ceux que tu aimais.
En petite sœur des pauvres
tu distribues l’été
au pire de l’hiver,
la pluie aux anémones,
les épices à la vie.



Publié dans Poésie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article