Chaque pas est une épine
Du train où l’on s’en va
chaque rail s’égare vers une gare absente.
Chaque pas est une épine
sur la fleur de l’âge.
Chaque pas soulève la poussière
sur le tapis du cœur
usé jusqu’à la corde.
Sur le chemin des hommes
chaque pas est une mort.
Chaque pas est une phrase trahie
sur les carnets de l’âme.
Chaque pas est un mot
que l’on n’ose plus dire.
Chaque pas est un clou
sur le bois de l’angoisse.
Chaque pas est un cri
dans la mémoire du silenc,
rarement une miette de pain, une goutte d’eau
sur le plancher des vaches.
Dans l’ombre où les chiens lèvent la poussière,
lèchent la plaie,
lâchent la proie pour l’ombre,
chaque pas est un os
dans la gueule des ombres.
Chaque pas est une balle
dans le pacage des moutons.
Chaque pas est un éclair
dans le ciel des vautours,
un éclat dans la chair.
Un jour je l’espère
chaque rêve durera plus longtemps que la nuit,
chaque main retrouvera son autre main
et les os de la vie une chair de lumière.