André Schmitz

Publié le par la freniere

Né en 1929 dans les Ardennes belges, André Schmitz a été enseignant. Épris de voyages, il a séjourné en Afrique, au Liban, au Québec. Il vit aujourd’hui dans la région d’Arlon.

 
photo: J.L. Geoffroy

 

André Schmitz n’est certes pas le poète du désespoir, ni de la démission face aux menaces de la nuit. C’est le poète du scepticisme, du doute redoutable parce qu’il attise une ironie vengeresse. Aux images toutes faites, le poète répond par des croquis ravageurs. Aux idées reçues, aux certitudes bétonnées, il réplique par des proverbes qui assignent à la rébellion la tâche obscure et obstinée d’un puisatier du verbe.

Charles Dobzynski
 

1975 : Soleils rauques obtient le Prix triennal de littérature de Belgique. Ce prix important donne enfin à André Schmitz , en Belgique francophone, la place que son œuvre mérite. Peu après, Jean Orizet accueillera et défendra son œuvre hors de nos frontières.

1977 : Oiseaux, éclairs et autres instants est publié aux Ed. Saint-Germain-des-Prés à Paris, où, peu à peu, l’œuvre de Schmitz attire l’attention de poètes comme Charles Le Quintrec, Luc Bérimont, Jean Orizet, Philippe Jacottet, Yves Bonnefoy. Ce recueil est aussi celui où apparaît la démarche faîtière du poète, ce qui, désormais, sera à la fois son ton, son écriture, son climat, ses dilections et ses rejets.

1983 : Une poignée de jours (Ed. Saint-Germain-des-Prés, Paris), prolonge et étoffe la réflexion sur le langage et sur la vie entreprise depuis Soleils rauques. Cette même année 1983, Une poignée de jours reçoit le Prix du Conseil Culturel de la Communauté française de Belgique.

1984 : Le ramasseur de feu paraît à Luxembourg, en édition bibliophilique (Galerie Simoncini Éditeur), avec des gravures originales de Michel Ventrone.

1985 : Bibliophilie encore, aux Editions de la Grippelotte, à Paris : La douceur des couteaux, recueil adorné de dix gravures de Francis De Bolle.

1985 : Les Éditions Poegram, à Paris, éditent un album illustré de douze pastels tirés en sérigraphie originales de Marie Hénon : Entailles (bibliophilie).

1987 : André Schmitz voit l’ensemble de son œuvre couronnée par le Prix de la Fondation A. et J. Goffin.

1990 : L’arbre à Paroles (Amay), dans sa collection Le buisson ardent, publie Délits de légèreté et les Editions de l’Âge d’Homme (Lausanne-Paris) publient Les prodiges ordinaires.

1993 : Le Tétras Lyre publie, en édition bibliophilique, Les cerfs-volants.

1994 : Raclements d’ailes sort en coédition entre l’Arbre à Paroles (Amay), Phi (Luxembourg) et les Écrits des forges (Trois-Rivières - Québec). En fait, cet épais recueil regroupe, pour l’essentiel, les poèmes de Oiseaux, éclairs et autres instants et de Une poignée de jours.

1995 : L’Arbre à Paroles consacre son numéro 85 (mai juin) à André Schmitz (hommages et portraits, lettres ouvertes, inédits, entretien, bibliophilie).

2000 : André Schmitz est couronné par le Prix Mallarmé 2000.

- Un peu de pluie entre les dents, choix de poèmes en édition bilingue (français - tchèque). Présentation et traduction : Jana Boxbergerova. Illustrations : Michel Forest. Éditions Protis (Roman Polak), Prague et L'Arbre à Paroles, Amay, 2000.

- Incises incisions, Ed. Phi, Luxembourg, coll. G.R.A.P.H.I.T.I., en collaboration avec les Ed. Ecrits des Forges, Québec, 2000. Illustrations de Roger Bertemes.

 - Lettres à l'illetrée, Ed. de l'Acanthe, Namur, 2000.

- Etranglements, Le Cormier, Bruxelles, 2001.

- Dans la prose des jours, Poésie 1961-2001, La Renaissance du Livre, Tournai, 2002. Introduction de Charles Dobzynski

 
 
 
Sur le poing du boxeur en repos, un papillon.
Si l’homme osait déserter le combat, peut-être
Un oiseau prendrait-il
Place sur son épaule.
 
*

Mort la douce
Ou mort la furie,
 
Voici mon compte de jours
Et mon compte de nuits.
 
Je remets mon livre
Et j’éteins mon sang.
 
Mort,
Furieusement
Je demande ma révocation.
 
*

Sur la voie publique, un corps abandonné dans un autre, endormi dans l’amour comme si l’amour était éternel, et qu’au petit matin les services de voirie ne dérangent pas, et qu’avant l’ouverture du marché les maraîchères couvrent de fleurs et de fruits, et qu’à l’heure de l’école les enfants saluent, amusés…

 
*

D’où il vient est un pays d’anges et de chiens, de chiendent dans les cuisines et de mésanges dans les chambres. Un pays bien fait pour y faire l’ange le matin, la bête le soir, l’amour à tout moment. Où il va est un pays où vont les enfants morts sans sacrement, les femmes ayant fait un mariage déraison, les chidens en perdition et les oiseaux dont le chant est drôle.

 
*

L’homme que vous voyez
Là à genoux
Ne croyez pas qu’il prie.
 
Il fait de sa vie
Maladroitement
Un paquet
Qu’il remettra ce soir
À la mort.
 
André Schmitz
 
 
 

Publié dans Les marcheurs de rêve

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L
merci, Jean-Marc ! une découverte pour moi, bien que je sois belge aussi ..... j'aime plus précisément le tout dernier texte.<br /> je vais essayer de trouver un des livres très prochainement.