Souffle un vent imbécile (France)
S'il fut un temps ou l'on confondait l'idiot avec le fou au point de lui réserver le même sort - moquerie, indifférence, persécution -, il en est un autre - précisément le nôtre - où l'on reconsidère l'idiot ou l'idiotie, la bêtise, comme appartenant à l'être raisonnable, rationnel, au même titre qu'un geste ou une parole non pas stériles ou irritants - ce qu'ils peuvent paraître au premier abord – mais dans certains cas féconds, instaurateurs d'un ordre nouveau, d'une nouvelle manière d'être et de sentir. Que l'idiotie ait de l'avenir, on pouvait s'en douter depuis qu'un certain Christ s'était favorablement tourné vers les simples d'esprit, mais c'est maintenant, depuis qu'il appartient à chacun de se mettre à nu et de s'exposer sans calcul, une quasi certitude. Et que ceux qui se cachent par impuissance ou orgueil se le disent, le courage de notre époque ne loge pas dans l'arrogance, il réside dans le dénuement dont une des figures capitales demeure la poésie, la langue nouvelle, renouvelée, fraîche et offerte comme le sont ces figues joliment disposées au bord de mon assiette.