Béatrice Libert

Publié le par la freniere

 

Née à Amay-sur-Meuse, en Wallonie, Béatrice Libert vit à Liège. Professeur de français dans le secondaire, elle est aussi bibliothécaire, critique de poésie et animatrice en ateliers d'écriture. Membre de l’Association des Ecrivains Belges et du Centre international d’Etudes francophones.
Elle est correspondante pour la Belgique francophone du magazine culturel Pourtours (Marseille, Autre Temps)
Elle a publié des poèmes, des essais et des nouvelles. Elle écrit aussi pour la jeunesse. Passionnée par l'art sous toutes ses formes, elle collabore avec des artistes peintres, graveurs, photographes, musiciens et donne des récitals en duo avec la harpiste liégeoise, Angélique Giorgio. Ses textes sont traduits en plusieurs langues. Certains ont été mis en musique par Michel Bruno.

 

· Litanie pour un doute, Encres Vives, Colomiers, 2004

· Etre au monde, la Diifférence, 2004
·
 Un arbre cogne à la vitre, Pluie d'étoiles, Toulon, 2000
·
 Le rameur sans rivage<, Ecrits des Forges, 1999
·
 Le passant fabuleux, Ecrits des Forges
·
 Petit bréviaire amoureux, L'arbre à Parole
· L'heure blanche, Encres Vives, Colomiers, 1999.
·
 Le bonheur inconsolé, L'Arbre à paroles, Amay, 1997. Prix Amélie Murat. (2° édition)

 
 

Très souvent, je suis sans personne.
Celle qui écrit n’est pas là.
Celle qui pense est ailleurs.
Celle qui respire est à la mer.
L’encrier seul jette l’ancre
à la racine de mes doigts.

*

 
Souffle
Frémit le poème
Pétales et mots
Graines de silence

*

Semences dans les mots
comme gouttes dans la mer
comme sel dans les larmes


*

Graines dans le grenier grinçant
graines qui égrènent
la prêle bleue de la galaxie

 
*


Si la graine n’avait pas

un grain de folie
serait-elle semence ?


*

Dans le mot
main
le geste
et la graine
de demain
 
*
J’ai pignon sur pré
dit la graine
et le chemin qui mène
aux quatre vents
est un volubilis
 
*
Graines et cosses
Aigrettes et pollens
 
Spores et pépins
Amandes et glands
 
Lentilles et gamètes
Germes et semences
 
Sésames de comètes
 
avril-mai 2006 , Liège.
 

Je retiens parfois des mots étranges
dans ma gorge, des mots mal équarris,
mal réveilles, des mots de nuits
blanches, sans masque à oxygène
ni gilet pare-balles.
À peine prononcés, ils sombrent
en pleine mer, sans bouée de secours.
Quelquefois, ils ont la vie sauve
grâce à l’île perdue d’un poème.

Être au monde, Clepsydre – Éd. De la Différence.

 
Il faut me croire si je vous dis que
perdre n’a pas de sens mais que tout gagne

comme fleuves la mer


Il faut me croire si je vous dit que
taire est un vain mot alors que tout parle
comme rives sans voix et voix sans visage

Il faut me croire quand je vous dit que
questionner est sans réponse alors que tout exige
signe ordonnance et raison d’être
comme porte est passage si je le puis
si je le veux

Il faut me croire si je vous dis que
pouvoir est vanité alors que tout
en nous est chute
comme grains de sable dans l’encolure de l’étau

Être au monde, Clepsydre – Éd. De la Différence.

 
 

Comme une flamme
j'aboutis à la cendre
miroir éteint de ce qui fut
Il pleut de l'anonyme en nous.

Le bonheur inconsolé, Éd. L'Arbre à paroles.

 
 

Ils ont fissuré le ciel
Ils ont chiffonné les marais
émasculé les arbres
décalcifié les falaises

Ils ont assoiffé les rivières
empoisonné les puits
où la joie venait boire

Ils ont tordu les vents
plié sa rose au fer
de leurs quatre volontés

Ils ont pendu la parole
au gibet de l’imposture
éventré le silence
entre deux haies d’oiseaux

Ils ont dépecé les songes
et pillé le temple de la fragilité

Nous demeurent nos mains
pour mûrir dans le noir
le cri de la résurrection

Être au monde, Coll. Clepsydre - Éd. La Différence.

 
 

Je fus ta Maison, mon fils. Je demeure ton chemin. Clarté où tu viens boire, où la nuit est sans âge et le jour sans regret. Je suis la porte et la fenêtre que ta joie ouvre à deux battants. Il n'entre en moi nul éclair. Cependant, il m'arrive encore d'héberger, en mon ventre, le souvenir de tes frissons et de tes fièvres.

A ton tour, maintenant, de me porter en toi, dans tes yeux, par ta voix, sous tes traits où se devine ton ascendance.

Elle ne sera jamais bien loin, cette maison qui fut la tienne. Inaccessible désormais, île rêvée, caverne ensevelie que je porte, triomphante, comme un berceau parfait jusqu'à la tombe.

 
Béatrice Libert
 
 
 
avril-mai 2006 , Liège.

Publié dans Les marcheurs de rêve

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J
une très belle découverte <br /> des mots charnels comme je les aime<br /> au passage un signe amical du sauvage civilisé<br /> jl