La terre sous les pas

Publié le par la freniere

Le maçon, au fond de lui, sait bien que la brique envie les cailloux du ruisseau, la terre sous les pas et les châteaux de sable. Pourquoi lancer des pierres, des pavés dans la mare ? Il est si simple de s’adosser au rocher pour écouter le vent.

Pour la parole des fleurs, les mots sont des barreaux. J’essaie d’en faire des barreaux d’échelle, des branches de coudrier pour les chercheurs d’eau, des béquilles sonores pour les enfants muets, des lignes à pêche pour les marins du rêve, des attelles pour la roulotte du cœur.

Chaque matin, le ciel nous attend dehors. Trop souvent, nous changeons de trottoir pour ne pas lui parler. Le travail nous appelle. Nous écouterons les dernières nouvelles au lieu d’aimer la vie. J’appréhende le jour où le ciel, fâché, nous laissera sans lumière.

Quand je trébuche sur la route, je me raccroche à la main du vent, aux bras des arbres, à la voix des cigales. Les taches de boue sur les souliers sont des caresses de la terre. Les gouttes de pluie sont des baisers. La nature nous aime beaucoup plus qu’on ne le croit.

Quand passent les outardes, une partie de moi s’envole vers elles. Le reste continue à creuser ses racines. Le pays que j’habite à la grandeur d’une page. C’est le cœur de ceux que j’aime. Le crayon n’y laisse pas d’ornières mais des routes plus vastes, de plus en plus vastes.

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