À l'infini
Colle ta peau sur la mienne, il fait froid par ici. Met ta langue dans ma bouche, qu’elle me parle d’amour. Met ta main sur mon cœur, qu’il se remette à battre. Je me retire en toi pour être plus présent. Le bruit du monde obscurcit la lumière. Je me retrouve en toi comme au centre de moi. Tes caresses me sauvent de la futilité du monde. C’est en toi, pour toi, comme toi, avec toi que j’aime. Tu es un petit fauve, une souple féline dans le grand bois des mots. Je t’aime plus que si je t’aimais. Je me conjugue à toi sans recourir au temps.
Toi qui es parmi toutes la seule que je veux, tu viens toujours à moi sans même que je te cherche. Tout ce que j’aime te ressemble. Tout ce que je suis t’appartient. Dans ton corps, je peux voir plus loin, bien au-delà des apparences. J’y suis au cœur du monde, dans ses battements secrets. Si on t’adresse un paquet de malheur, je le prendrai pour moi pour ne pas qu’il t’atteigne. Si tu as froid, je brûlerai mes habits. Si tu as soif, je ferai fondre les glaciers. Si tu manques de papier, écris avec tes doigts sur le cuir de ma peau, je serai un livre ouvert.
Lorsqu’on avance ensemble, on tient l’horizon dans nos mains. La lumière nous confond dans les pas l’un de l’autre. Le rêve et le réel nous lient pareillement. Tu me donnes l’indonnable. Tu empêches le monde de ressembler au monde. Tu le rends merveilleux. Je touche l’incroyable et si profond bonheur. Notre amour n’est pas un feu de paille mais l’étincelle qui dure au-delà de la mort. Les éclairs persistent bien après le coup de foudre. J’avance encore à toi avec les yeux des premiers pas. Je ne peux pas être plus nu qu’habillé de caresses. Je te donne à chaque geste tous les mots de mon corps.
Je suis né en prévision de toi, pour le bonheur de nous aimer. Les mots ne suffisent pas quand on parle d’amour. Je te prends comme le soleil prend la mer et l’espace le temps. Ta langue touche mes lèvres et pénètre ma bouche. Tes doigts qui rejoignent mon sexe refont le relief du monde. Je ne crois plus aux proverbes. Si l’amour est aveugle, pourquoi es-tu si belle ? Je t’aime à fleur de peau. Quand tu ouvres les bras, je retrouve ma vie. Tes doigts viennent éclairer ma peau et m’ouvrir au bonheur. Je ne résiste pas à ta houle grandissante. Tu éclates à ma bouche comme un fruit d’infini. Le plaisir est comme une poupée russe.
Je t’écris une lettre. Je ne cesse pas de l’écrire. Je ne cesse pas de t’aimer. Lorsque je dors, je rêve à toi. Je m’éveille pour toi. Je te regarde. Mes yeux deviennent pluie pour ton jardin secret. Je te regarde et je vois tout. Emmène-moi dans la lumière. Tu m’es arrivée comme une ligne de vie lorsque la mienne s’effaçait, comme un soleil lorsqu’il ne restait plus que la pluie et les larmes.
J’aime fanatiquement la vie aujourd’hui. Je crois même au bonheur. Je reconstruis le monde pour toi. Tu es dans l’émotion qui me guide la main. Par quoi faut-il commencer ? Les racines ou le fruit, l’exubérance végétale, la ligne d’horizon, l’alphabet ou la phrase ? Si tu n’étais pas toi, si je n’étais pas moi, nous ne serions pas nous. Nous sommes faits pour nous aimer.
Tu as semé tes graines solaires dans mon fleuve tranquille. J’en façonne ma vie. Les vagues sont plus hautes. Je touche les nuages sans perdre mes racines. Je vole avec le pollen. Je virevolte avec les fous de Bassan. J’épouse les chutes libres et les rafales de vent. Nos danses de chaman réveillent les étoiles. Chaque matin je me lève pour toi. Tu réveilles les fleurs dans le ventre d’avril. Je t’offre l’espérance, ses joues de camélia, le rouge des érables et le chant des oiseaux. Je resterai debout parmi les morts-vivants, le froid et l’inconnu pour que tu n’aies pas peur. À force de s’aimer, nous atteindrons le bonheur et toucherons l’infini.
Extrait de J'écris avec la terre