Anse Couleuvre
Cette nuit
Il y a comme un silence de pleine lune
Et pourtant rien n’est calme
Entre la cascade et la mer
La peur du noir primitif
Fait craquer le sable volcanique
Il crépite dans l’ombre
Feu de joie ou terreur nocturne
Rien n’apaise l’épaisseur de l’air
Je pourrais me détendre
M’allonger comme un rhum long
Sous les pales du ventilateur de l’épicerie
En écoutant chanter quelques mots créoles
De la patronne
Qui m’échappent encore
Et qui grondent comme des tambours
A m’arracher le cœur
Mais le noir n’est pas assez noir
L’humidité piailleuse réveille des souvenirs
Ceux de la veille et de l’avant-veille
Ceux d’un passé incertain qui m’habite
Et me trouble
Souvenirs de grand père et de l’habitation aux serpents
Souvenirs de Blaise et Yannick
Souvenirs des souvenirs de chacun
Je suis seul et tellement entouré
Une vague sans retenue vient chasser
En trop peu qu’il me faut pour le dire
Tous ces tourments que le firmament n’ignore pas
Il y a cette quiétude soudain
A se sentir humain