Avec le café et les croissants
500 morts. Femmes et enfants. Quelque part en Afrique. Un tsunami humain. Servi au petit-déjeuner avec le café et les croissants. Un fleuve de sang traverse la cuisine. Vous emporte dans un cortège de vierges et d’enfants abusés, sacrifiés, de femmes tondues ou voilées, de places pavées de chair mutilée et pourrissante. Vous faites partie des victimes et quelquefois, par le silence ou le bâillon, des bourreaux.
Vous vous demandez s’il y a une consolation, une résistance possible à l’énormité de l’outrage. Vous vous asseyez au milieu du carnage sans pus savoir qui et où vous êtes. Surtout pourquoi et pour qui. Vous ne pouvez maintenir la conscience de l’assaut, de l’agression. Vous échapper vraiment de cette cuisine, de cette table où vous vous accrochez. La tête ailleurs. La tasse oubliée. L’assiette. Et vous-même, échappée à vous-même.
Une voix vous rejoint, qui dit doucement, si doucement : Avez-vous vu un oiseau pleurer ?