Comment dire

Publié le par la freniere

Comment dire sans trembler le passage du vent,

l'homme qui meurt en apprenant la vie,

celui qui s'est noyé en apprenant la nage,

la moelle prisonnière d’un ossuaire de tôle,

la sève que refuse le bois,

le mot qui manque au bout de chaque phrase,

l’endroit du livre où il manque l’auteur,

les pieds nus prisonniers des souliers,

les pas de danse oubliés par la route,

la soif d’une bouteille qu’on ne remplit jamais,

le lieu toujours présent où l’on ne sera jamais,

le temps dévalué par les horaires de travail,

le visage brandi comme un masque à la main,

la pensée sans image, la foi sans parabole,

le désert sans mirage, le désir sans miracle,

la neige qu’on invente pour oublier le froid,

la souffrance d’être seul quand on ne rêve pas,

le grand amour qui passe quand nous sommes absents.

 

Ce que je n’écris pas ce sont mes propres mots

que j’éloigne de moi, ma chair que j’efface.

On ne peut sans amour compléter ce qui manque.

Publié dans Poésie

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A
<br /> Grand merci pour cet incroyable recueil de poésie dont nous tu fais présent (au sens fort et doublement ou triplement signifiant si l'on veut bien aussi y entendre  le mystère du verbe<br /> pressentir), Cet ensemble de  poèmes, comme jetés en vrac au jour le jour, auxquels se joignent quelques proses comme tu sais si bien les tricoter au fil d'or de l'esprit avec les deux<br /> aiguilles de la joie d'aimer et de la douleur d'écrire, démultiplient la vie et ses motifs infinis d'un temps jaillissant des fontaines humaines que la poésie, lorsqu'elle ne se contente pas de<br /> l'acquis et du savoir faire, embrase des lueurs nocturnes de ce que nos ancêtres nommaient la destinée. Tu lis et relies, non sans une magie éprouvée, la joie d'écrire à la douleur d'aimer,<br /> débordant ainsi les paradigmes des paradis perdus, déployant toutes les possibilités du sens dans un diamant de voyance frémissant d'enfance, celui-là même où s'éprouve tant bien que mal notre<br /> liberté de "grandes personnes" en proie à toutes les trahisons et les terribles transitions de l'Histoire dévastatrice et d'une société dévorante. Tu conjures - homme médecine - avec une force<br /> peu commune les effets et les causes de ce maléfice millénaire qui s'attaque, avec des armes impitoyablement inégales, à toutes les tentatives de beauté et d'amour sur notre terre crucifiée sur<br /> l'autel des guerres et du profit. Pourtant toi tu sais encore célébrer tout l'espoir du monde contenu dans les moindres détails de nos faits et gestes quotidiens quand ils s'accordent au vol d'un<br /> oiseau, à un souffle de vent, à une pluie de printemps.<br /> <br /> <br /> A nous autres, voyageurs fatiguée, assoifés et affamés, tu fais don de la quintessence de ton Grand Oeuvre, tel un fruit gorgé de toutes les saveurs de notre mère nature.Tu es un grand arbre<br /> solitaire dans la douceur duquel reviennent toujours s'assoupir et rêver les fées et les loups des légendes oubliées enfouies sous les timuli des vieux soleils.<br /> <br /> <br /> Je n'ai pas fini ma lecture, j'y reviendrai avec le sentiment purificateur d'accomplir un rituel de régénération. Avec toute mon amicale admiration, André Chenet<br /> <br /> <br /> PS Me permettrais-tu de plonger mon tamis dans le courant de ta rivière afin d'en extraire quelques pépites pour le prochain numéro de La Voix des Autres ? J'avais déjà "sélectionné" quelques uns<br /> de tes écrits, mais je ne suis jamais sûr de rien tant que le n° en cours n'a pas été remis à l'imprimeur. Il m'arrive de tout chambouler un travail patient de plusieurs mois trois ou quatre<br /> jours avant la production de l'épreuve, comme ce fut le cas pour le dernier n° (6).<br />