Confession

Publié le par la freniere

J'ai oublié les circonstances
ne restent que des mots
imbus de sèves sombres
des histoires de bistrots
qu'on se raconte
les jours de mauvais temps

l'humanité gît en repentance
en des lieux abstraits
une fontaine sur la place du village
continue d'interpréter les délires
des vivants morts depuis longtemps
douceur de la mousse sur la pierre

Je n'ai que la mémoire
des saintetés puériles
c'est à dire les récits détournés
d'une authenticité douteuse
criblée des mensonges
qu'il fallut de force ingurgiter

survivre
tel semble être la finalité
exister à fleur d'existence
dans la petite lumière des jours
comme si la nuit
n'était qu'une étape entre deux mondes

J'ai appris en définitive
l'art de l'illusion
où la poésie se nie
où l'eau des fontaines
jaillit des tréfonds du sommeil
tel un choeur d'immortalité

Il y eut ces prémices d'aventures
entre les pères et les mères
la solitude douloureuse
avec ses masques de carnaval
ses chants mis en commun
et puis la beauté absolue d'une étoile

J'ai oublié le temps
parce qu'il n'avait d'autre consistance
que des harmonies passagères
chargées de silence et d'ennui
et toute blessure est une écriture
cisaillée par du foutre et du sang

j'ai oublié les circonstances
ne restent que des mots
imbus de sèves sombres
des histoires de bistrots
qu'on se raconte
les jours de mauvais temps

André Chenet

Publié dans Poésie du monde

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