Donner à voir
Les apparences finissent
par aveugler.
Les mots donnent à voir
bien plus que les images.
Où des masques sans rides
font semblant de sourire
j’ai vu des ombres en fleurs
derrière de vrais visages.
J’ai laissé à la boue
les haillons de ma soif
pour que l’ivresse s’enivre
à même les abeilles,
le ciel sur la neige
attablant ses cristaux,
le goût de pierre sous les pas,
celui du sel sur la pluie
qui se souvient de la mer,
le goût du poil sur la peau,
celui des yeux sur le visage.
J’ai confondu mes mains
aux lignes des pêcheurs,
mes vagues anonymes
aux ailes des oiseaux.
Entre l’homme et sa proie,
la rose du désert
et le bruit des mitrailles,
entre les fenêtres d’enfant
et les murs des hospices,
les colibris qui manquent de fleurs
et les pigeons des villes
qui ont trop de poubelles,
entre le ciel des sourires
et l’abîme des larmes,
les trous noirs qu’on ampute
aux rêves de chacun
et ces milliers d’étoiles
que l’on ajoute en nous,
je cherche encore un sens.