En secouant la tête

Publié le par la freniere

 

Du village à chez moi, il a plu tout du long, des clous de forge gros comme le pouce, des vis et des écrous. J’avais l’air fin avec mon parapluie troué, un stylo qui dérape et mon cahier trempé. J’ai récité mon texte aux petites fleurs des champs. Quand l’une d’elles a souri, c’était beaucoup plus beau qu’une phrase dans un livre. Il faut se mouiller pour connaître la pluie. On n’essore pas les larmes avec des mains pleines. La pluie marche en boitant. Les touffes d’herbe haute viennent boire ses pas. J’emporte sous ma peau un carré de lumière, une image à côté qui fait lever les yeux. J’ai la cervelle qui déborde comme un fouillis verbal. En secouant la tête, des mots dégouttent sur la table, traçant des cercles d’écriture, des cernes où l’on discerne un peu du ciel qui tombe, le sel bleu des nuages. Il suffit d’un doigt pour en faire un oiseau, un arbre qui s’étire avec ses feuilles pointues comme les yeux d’un chat, la chair d’un ruisseau. Que voulez-vous que je fasse assis devant l’écran, je traverse les mots avec les pieds sur terre, la tête comme un bocal où nage l’alphabet.


Publié dans Prose

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J
<br /> <br /> "je traverse les mots avec les pieds sur terre, la tête comme un bocal où nage l’alphabet. "<br /> <br /> <br /> J'aime tout particulièrement cette image ! (Je ne sais pas ce qui t'as décidé à plublier dans une taille de caractères enfin lisible sans microscope, mais c'est un très heureux changement ! ) ♣<br /> <br /> <br /> <br />