Je suis malade

Publié le par la freniere

Je suis malade de poissons plats dans la saumure
Que mon vieux ramenait des îles du Levant.

Sa voile, en vain fouilla la gorge des courants.
Il revint, fortune défaite.
Je suis malade de ce vieux qui mourut pour du vent.
Bien le bonjour quand même
Aux océans danseurs
Dans la maison de passe des détroits.

 

Je suis malade de calvaires
Taillés à coup de foi, à coup de dents.

Mon autre vieux lui donna plus de sang
Que Christ à son suaire.
Bien le bonjour quand même
Aux femmes emmurées
Entre église et chaumière.

 

Je suis malade de naissance.
On me jeta hors de ma mère

Comme d'une fenêtre
Et je hurlai d'ensoleillance
Au milieu de voisins buvant leur café noir.
Bien le bonjour quand même
O ma terre
Petite pomme tiède encor
Sur les branches du froid.

 

J'ai grand mal de poèmes
De lampes éreintées par la nuit

Sur des syllabes à goût de sel.
Bien le bonjour quand même
A tout pêcheur, à tout tailleur de pierre.
S'il faut tout amour perdre
Que tout amour ne nous perde pas.

 

Tourne mon cœur comme la terre
Nuit et lumière, nuit et lumière.
 

 

Yves Heurté

Publié dans Poésie du monde

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