Pare-chocs: urgence d'agir

Publié le par la freniere

Pare-Chocs: Urgence d'agir

Comitié pour l'abolition des électrochocs

 

Montréal le 7 mai 2011

 

 

M Yves Bolduc

Ministre de la Santé et des Services sociaux

Édifice Catherine-de-Longpré
1075, chemin Sainte-Foy, 15e étage
Québec (Québec)
G1S 2M1

 

 

Objet:  La question des électrochocs

 

 

Monsieur le Ministre,

 

 

Comme vous le savez, bon nombre de personnes militent ici comme ailleurs pour revendiquer l'abolition pure et simple de cette technique.  Bon nombre d'entre elles témoignent aussi des impacts terribles que cette technique a eu sur elles.

 

Ces personnes, souvent sans voix et sans pouvoir, doivent pouvoir s'exprimer et être entendues.  Leur détresse doit aussi être prise en considération.

 

Malheureusement, de toute évidence, on refuse de débattre publiquement de cette pratique. C’est tout à fait aberrant qu’on ne souligne pas plus les dangers entourant l’utilisation des électrochocs.  Cet argument n’est pourtant pas le nôtre, il a été écrit et documenté dans un rapport commandé par le MSSS en 2002. 

Vous savez, monsieur Bolduc, que c’est désolant de se faire répondre qu’on n’existe pas, que nos questions ne méritent aucune réponse, que notre souffrance, notre détresse, les séquelles permanentes provoquées par l’administration d’électrochocs ne sont qu’anecdotiques.  

Voici quelques questions que nous avons soulevées et dont plusieurs demeurent toujours sans réponse:

 

  • Combien d’électrochocs sont réellement prescrits au Québec?
  • Pourquoi les deux tiers sont-ils administrés à des femmes?
  • Pourquoi les femmes âgées de 65 ans et plus sont-elles plus susceptibles de subir cette intervention?
  • Est-ce que l’électrochoc n’est utilisé qu’en dernier recours?
  • Pour quels diagnostics prescrit-t-on des électrochocs?
  • Combien d’électrochocs sont donnés aux enfants?
  • Combien de personnes décèdent ou subissent des séquelles permanentes suite aux électrochocs?
  • Que savons-nous des impacts des électrochocs sur les personnes à court, moyen et long terme?
  • Que savons-nous des dommages au cerveau causés par les électrochocs?

 

 

Donc, aujourd'hui, en mai 2011, nous n'en savons pas plus qu’en 2005, année où nous avons soulevé ces questions.

 

Pourtant, selon M. Reiner Banken, M.D., chercheur consultant et auteur du rapport sur l’utilisation des électrochocs au Québec, publié par l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé en 2003 "Les incertitudes quant à l'efficacité et aux risques de l'ECT demeurent importantes. Il est donc nécessaire de recueillir plus de données à cet égard."

 

Plus récemment, en janvier 2011, le comité consultatif de la Food and Drug Administration (FDA) américaine, suite à une consultation publique, a établi le constat suivant:  le traitement par électrochocs est à risque. De plus, son innocuité et son efficacité ne sont pas prouvées.  Il a reconnu que les effets cognitifs négatifs et les pertes de mémoire constituaient un risque majeur, la recherche ayant négligé, ces soixante-dix dernières années, d’évaluer de façon formelle les dommages au cerveau causés par les électrochocs.

 

Le comité recommande donc de maintenir les électrochocs à un statut de technique "dangereuse".  Cela implique aussi que les fabricants de machines à électrochocs devront faire la démonstration de la pertinence et de la fiabilité de cette technique.

 

Le président de ce comité consultatif, le Dr Thomas G. Brott, professeur de neurosciences à la Clinique Mayo, s'est dit inquiet pour les 100,000 personnes qui subissent des ECT chaque année aux Etats-Unis.

 

De toute évidence, encore aujourd'hui, le traitement par électrochocs est l'objet de controverse et constitue un traitement à risque.  Et de toute évidence, des contrôles doivent être mis en place pour assurer la protection des personnes à qui on administre ce traitement. 

 

En 2003, dans un rapport commandé par le ministère de la santé et des Services sociaux, sept recommandations avaient été formulées par l'AETMIS pour baliser l'utilisation des électrochocs au Québec.  En date d'aujourd'hui, aucune de ces recommandations n'a été mise en application et aucun suivi n'a été donné au rapport.

 

Par votre inaction, vous mettez en danger la santé et la sécurité de milliers de personnes.  Des personnes vivant dans des situations de très grande vulnérabilité.

 

Voici quelques nouvelles questions qui méritent d'être soulevées!

 

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  • Est-ce que des données sont compilées actuellement par le ministère de la Santé et des services sociaux concernant l'utilisation des électrochocs au Québec.

 

Nous avons eu la réponse le 14 avril dernier:  c'est non.1

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  • Est-ce que vous admettez les conclusions américaines à l'effet que le traitement par électrochocs est à risque, que son innocuité et son efficacité ne sont pas prouvées?

 

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  • Est-ce que vous êtes en accord avec la décision de la FDA qui a reconnu que les effets cognitifs négatifs et les pertes de mémoire associés à l'électrochoc constituaient un risque majeur?

 

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  • Est-ce que vous pouvez garantir la sécurité des personnes sur qui on applique la technique des électrochocs au Québec?

 

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  • Est-ce que vous pouvez vous engager aujourd'hui à faire la lumière sur la pratique des électrochocs au Québec?

 

Nous avons eu la réponse le 14 avril 2011:  c'est non

 

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  • Est-ce que vous vous engagez à prendre en compte les constats et recommandations de la FDA américaine et à documenter la pratique des électrochocs, à en vérifier les risques, son efficacité et à établir des normes de pratiques ou à toute fin pratique interdire cette technique au Québec.

 

Nous avons eu la réponse le 14 avril 2011:  c'est non

 

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Pour nous,  il est inconcevable que le Ministre de la Santé ne s’inquiète pas des dangers associés à l’utilisation des électrochocs, qu’il ne demande pas plus d’information et d’étude pour protéger ou rassurer les centaines de personnes qui en reçoivent à chaque année.

Merci d'avoir pris le temps de nous lire.  Il serait maintenant grandement temps d'agir.

Nous espérons, Monsieur le Ministre, que vous reconnaîtrez l’importance de ce dossier

Très cordialement,

 

Ghislain Goulet, pour le Comité Pare-Chocs

3958 rue Dandurand, 3ième étage,

Montréal, Qc. H1X 1P7

 

c.c.      Monique Viens, Ministre déléguée au Services sociaux

Agnès Maltais, Porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé

            Danielle Doyer, Porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux

            Amir Khadir, Député de Mercier et Porte-parole de Québec Solidaire

 

1.  Journal des débats, Assemblée nationale du Québec, 14 avril 2011, Commission des affaires sociales, Étude des crédits budgétaires 2011-2012 du ministère de la Santé et des Services sociaux, volet Services sociaux

Publié dans Glanures

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