L'urine des forêts
Il me faut réintégrer ce réel que je fuis.
En ce sens, les objets me sauvent
de l’accalmie mentale,
voire d’un désespoir impitoyable.
Je regarde le miroir
orné d’étoiles phosphorescentes
depuis que nos baisers ne s’entendent plus.
J’y vois cette femme-objet
dont j’aimerais tant qu’elle m’aime.
Ceci n’est pourtant que l’absence photographiée,
une image déchirée
dans mon cœur.
Je parle aux objets dans la nuit,
je n’existe pas
sans liens à soupeser.
Une fenêtre est trahie
par le drap de l’amour :
un rideau en caoutchouc mauve.
Un insecte se promène sur mon bureau,
je l’achève
ainsi que ce texte,
comme la fin d’une vie.
Je ne comprends rien à l’univers.
Ce sont les objets dont s’émane la vie abstraite
qui seuls me retiennent à la réalité.
Une peine d’amour
qui coule le long de mes joues
comme l’urine de la forêt.
Denis Vanier