La chienne à Jacques
Peu importe ce qu’en disent les snobs ou qu’on l’expulse dans les parades de mode, j’aime la chienne à Jacques, les poils de travers, les bras en accolade, les lèvres en baiser, les mitaines pas de pouce, les mains pleines de pouces, les pieds dans les plats, le rouge au front, les chapeaux de travers, les soldats qui désertent, les prêtres qui défroquent, les banques faisant faillite, les peintres qui écrivent, les poètes qui peignent, les mystiques qui rotent, les idées qui défrisent, les cheveux qu’on dépeigne, les cuisses écourtichées. J’aime aussi les trous de bas par où les pieds s’échappent, les voyages immobiles, les foulards trop longs, les poils qui dépassent, les fraises qui barbouillent. Je n’aime pas les rumeurs, les ouï-dire, les faux prêtres, les prophètes, les sirènes d’ambulance, de pompier, de police, même le chant des sirènes, les chats noirs, les gants blancs, les cartes de mode, la paperasse, les crosseurs de service, les passeurs de sapin, les chasseurs et les taxidermistes, les chauffeurs de taxi, les traumatologues, les psychologues, les fonctionnaires, les militaires, les cloches sonnant le glas, le muezzin appelant à la guerre, les témoins de Jéhovah, les vendeurs d’assurances, les huissiers, les comptables, les sifflets d’arbitre, les chiens de garde, les critiques, les éditorialistes de Québécor ou Power, les bulletins de nouvelles, les inspecteurs d’impôt, les promesses d’élection, les papes et les Ayatollahs, les marchands de canon, les collecteurs de dettes, les donneurs de leçon, les héros, les bouncers et les briseurs de grève. Leur plumage nous aveugle et leur ramage nous rend sourd.