La lampe de l'ange
On tombe toujours de plus haut à l'intérieur. Mon père, ma mère, où êtes-vous qui m'avez faite et abandonnée sans même le savoir. Où êtes-vous si loin si près que la compréhension fissure et fond en larmes. C'est un temps périlleux de marche sans appuis, d'existence dépouillée de ce qu'elle n'a pas. La vie est une poignée d'olives sous le pressoir des jours. La mue du temps quitte sa peau au crépuscule, que suis-je dans cette grande conversion ? La lanterne brisée du monde s'agite en tous sens. Quelque chose tremble quand vivre joue avec des allumettes. Je cherche une certitude, une seule mais qui vaille. La fleur dans le jardin en friche. La lampe de l'ange sur la nuit qui se perd. Un silence d'ombre violette quand se déchirent les anciennes écritures et leurs promesses de papier. Le souffle d'un paysan penché sur sa terre. Une trace de confiance malgré les ossuaires. Quand un mouvement d'aile corne le ciel, j'aperçois la terre rousse, les vignes noires, la pelouse tatouée de pissenlits, des abeilles tournées vers le miel. Une étonnante pluie de lumière s'attarde au portant du soir, sa blondeur éparse dit quelque chose que je connais bien, mais que je traduis mal. Le soleil reviendra, il revient toujours.