J’étais l’enfant d’un siècle fou J’avais la tête pleine d’oiseaux Je construisais de beaux châteaux Je vidais la mer dans un trou La mer était belle à mourir J’étais une fleur à cueillir La vie était un jeu d’enfant Je prenais vraiment tout mon temps J’avais pour moi l’éternité Pour vider la mer dans un trou Je me saoulais de liberté Et je réinventais la roue J’étais l’enfant d’un siècle chaud Dans ma petite tête il faisait beau Mes châteaux se tenaient debout Et mon royaume était partout Et je suis devenu un homme Les mots sont mes plus beaux châteaux Mais comme une image vaut mille mots Mes beaux châteaux vont prendre l’eau Les mots deviennent des numéros Un plus un égalent zéro Plus on a de zéros plus on vaut Quand on signe son nom à l’endos Je suis l’enfant d’un siècle de fous Les riches creusent aux pauvres un trou noir Donnez-moi donc un peu à boire Et tant qu’à y être : versez-moi la mer Et je rêve encore de boire l’eau de la rivière Quand j’étais petit je m’y baignais dans la lumière Ah mais aujourd’hui les rivières prennent l’eau Et je rêve encore au jour où dans les dictionnaires On ne trouvera plus le mot guerre qui crée la misère Et qu’enfin les mots ne prendront plus l’eau Il reste encore quelques oiseaux Qui ne chantent pas encore faux Je vide la mer dans mon verre Raoul Duguay paroles et musique |