Le jour
Le jour a déposé le journal du jour
La nuit a déposé le journal de la nuit
Et les mots sèchent au mur
Tu n’es pas là
À mon poignet
Ta vie ne vient plus battre
Le printemps est printemps
Il l’affirme
Et le bois donne à manger
Aux oiseaux
L’ombre
Le silence
La porcelaine
Ceux qui saignent blanc
Dans l’exil
Et noir
Si un doigt les effleure
S’absentent
Aujourd’hui.
Mais le bronze, l’étain,
Ont leur tenue de ville
Leurs joues de camélia.
Je vivrai
L’au-delà de tes veines
De tes artères
De ta peau
Je serai
L’éclatement de ton visage
De la lunule de tes ongles
Du gris de ton regard
Pour toi,
Je me souviendrai.
Je me suis mise avec toi,
Debout,
Sous l’éclairage méthodique des autres
Dans l’autonomie franche des pâquerettes
Dans les bars de cuir
Qui sentent la couleuvre et l’ennui
Où le rouge est mis
Où l’on peut tenir
Je suis venue à toi
Comme on va au pain
À la source
À l’abordage.
Il fait tiède
Sans toi
La pluie est bonne à dire
Et le vert des arbres.
Je me vengerai sans toi
De l’adieu
Que l’on ne t’a pas donné
De la caresse
Que tu n’as pas reçue
De ta main
Qu’on n’a pas serrée
De cette ombre
Que le tilleul même
T’as refusée.
Tu es vêtu
D’oiseaux morts
Je serai la rosée pour toi
Qui salue et part.
Claude de Burine