Même pas blues

Publié le par la freniere

Les zizagueuses, les élégantes, les élancées 

les zébresses gantées, les tigresses déjantées 

les celles en décolletés

qui bondissent dans les fleurs

avec des tignasses en feu, 

les doctoresses rousses, 

les timides, les sensibles,

les mal-aimées,

les nombrils zalaires dans la citée,
elles ne me trouveront peut-être pas beau
dans mon costume fripé de Gaspard Mousse Aqui

de petit mené bredouille gêné qui sort de l'hôpital

 

Les mots tout mous comme de la peluche

dans la grande gueule de la pleine lune

transpirent pour rien ce soir

sur la couche de mes désirs

de grenades en liberté

qui parfument le chemin de la mort

 

Je ne sais pas l'diable où errerai-je 

pour le reste de mes jours 

 

Je n’irai plus pêcher c'est certain

sur le pont du hasard

Je n'irai plus au bois ma mignonnette

perdre mon temps à me réchauffer le dedans

comme un écureuil écervelé qui gaspille

les rivets sonnants des casseaux 

du grand cycle ordinaire 

 

Je n’irai pas ma soeur mon âme

dépenser ma sueur au Casino, 

mes billes, mes roches secrètes

mes bracelets de nuit, mes tableaux

mes timbales extraordinaires

dans les dalots brûlants 

de la langue imaginaire

 

À l'ombre de l'échancrure 

du dernier été ciré 

qui passe inexorablement,

je resterai bien lisse 

sage comme un champ de blé

dans le silence des globules blancs

 

Je prendrai tout de même en catimini 

dans le maquis de l'attente

deux trois-quatre cinq six bocks,

autant qu'il y a de graines

au chapelet du petit Arthur

et de stations de chemins de croix

dans les poèmes en berne 

d'Alphonse Piché

 

Évangélina, mon enfance, mon arrière Messier métisse, Béatrice...

mes filles, mes amours, mes étrangères

 

Pardonnez-moi 

d'aussi peu de vérité 

entre mes bras,

belles flammes de ma vie!

 

Je serai numérisé 

avec votre empreinte

et votre souffle, et vos prières,

avec tout ce que je n'ai plus

dans un autre monde qui mue,

tant pis pour le rock'roll, le roffe,

le fils de bûcheron qui rêve à l'enver

de ses lointaines hantises 

 

On me ramassera peut-être au Quai des breux

dans le marmottage des ganglions

 

Je serai alors comme Job le courageux

pensant être assis bien droit

sur le tas d'égratignures magistrales,

mais avec ma portée de wawawa

et ma « gagne de lions » du fin fond 

des indépendances

de Saint-L'Enfant Jésus des Cavernes!

 

Jacques Desmarais

Publié dans Poésie du monde

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