Parc éolien de l'Érable: bienvenue en zone sinistrée

Publié le par la freniere

Il faut le voir pour le croire. Des nuages de poussières qui planent par-dessus les forêts, pénètrent les maisons jusqu’au fin fond des poumons, plus de 400 camions par jour qui roulent à pleine vitesse à quelques mètres des maisons.

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Depuis le début des travaux pour la construction du Parc éolien de l’Érable, plus besoin de réveille-matin dans le rang 3 de Vianney (Saint-Ferdinand): les citoyens sont réveillés à 6 h 30 presque tous les matins (y compris la fin de semaine) par le grondement et les vibrations des camions.

 

Il semblerait qu’il faut plusieurs années avant qu’une éolienne ait compensé l’énergie nécessaire pour la construire. À voir le déroulement des travaux, je n’ai pas de misère à le croire : il faut beaucoup d’énergie pour en produire un peu. C’est à se demander si les promoteurs impliqués dans ce projet savent réellement ce qu’ils sont après construire. Vous avez dit développement durable ? Ici, c’est chacun dans son Ford F-150. Le bien-être des citoyens au cœur du développement durable ? Ici, cela importe peu. L’important est de terminer ce projet le plus rapidement possible et de passer au suivant. Un véritable Klondike; une ruée vers le vent!

 

Les résidants du rang 3 n’auraient jamais pensé vivre en zone sinistrée un jour, alors que leur région était surnommée à juste titre « La petite Suisse » du Québec; d’autant plus qu’avant le début des travaux, on les rassurait en soutenant que leur rang ne serait pas utilisé pour le transport lié à la construction du parc éolien. Mystérieusement, lorsque les travaux ont débuté et qu’ils ont reçu la nouvelle carte des travaux à effectuer, ils ont réalisé qu’ils vivaient dorénavant en plein cœur d’un chantier industriel et auraient à subir non seulement la transformation de leur paysage, la dévaluation de leur maison et les risques pour leur santé, mais aussi le bruit et la poussière au quotidien pendant les trois prochaines années. Quelle sera la prochaine surprise ? Ce que nous redoutons le plus est l’agrandissement et la densification de ce parc, la sous-station étant conçue pour accueillir l’énergie d’un nombre beaucoup plus grand d’éoliennes.

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Je ne vis pas au cœur de ce projet, mais j’ai quand même vécu plusieurs chocs émotionnels liés à ce projet, la maison familiale de mes parents étant située dans l’épicentre du parc. Le dernier choc que j’ai vécu est hier soir lorsque ma mère s’est pointée chez moi à 23 h parce qu’elle était incapable de dormir chez elle, en raison de la poussière qui avait pénétré dans la maison et qui la prenait directement dans les bronches. La veille, elle s’était réveillée à 4 h du matin, pour se relaxer dans un fauteuil et lire, avant que le grondement des camions ne commence. Et personne ne dit rien. Les branches des sapins ne bougent pas d’un poil. C’est aux individus à s’adapter ou à déménager.

 

On dit souvent que nos campagnes québécoises sont tissées serré et qu’on y retrouve une solidarité hors du commun. Cependant, depuis le début des travaux du Parc éolien de l’Érable, cette solidarité s’est transformée en un silence qui fait mal. Qui d’entre nous est allé voir ce qui se passait réellement dans le rang 3 de Vianney et dans le rang 4 de Sainte-Sophie ? Qui d’entre nous a pris le temps de s’assoir quelques minutes pour écouter ces personnes qui subissent directement les impacts négatifs de la construction de ce « beau » projet ? Qui d’entre nous a accepté d’adoucir l’instant d’une rencontre sa position de « pro » ou « anti » éoliennes pour reconnaître que certains citoyens subissent plus que d’autres les impacts de la construction de ce projet ? Pas un élu ne répond et ne prend au sérieux les cris que lancent les citoyens. Pas un.

 

Il n’est pas trop tard pour renverser la balance et briser ce silence. Que nous soyons pour ou contre ce projet, la réalité du moment est que certains citoyens voient présentement leur bien-être physique et psychologique décliner. Ayons au moins la délicatesse de reconnaître ces impacts, d’assumer notre responsabilité collective face à ce qu’ils vivent, ainsi que de leur porter une attention particulière. Ce silence doit cesser; faisons sonner à nouveau les cloches de la solidarité sur le haut des montagnes! Tenons-nous droit et les coudes serrés pour ne pas échapper de citoyens…

 

Julien Fournier

 

Publié dans Glanures

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