Parole rouge

Publié le par la freniere

Parole rouge, rauque. Pas un oiseau bagué, pas une viande en trop. Les mocassins n'ont jamais altéré, le sol, le ciel. Le totem est debout, chevillé au vivant. Des racines monte la langue de la terre, la parole brûlée. Je la nomme. Je dénonce qui l'a volée, démembrée, décimée. Qui, d'argent en pouvoirs, vend, déracine, tue. Je hurle de dégoût devant le dieu monnaie, le dieu consommation, ces fabricants d'esclaves. Finirons-nous en larves devant des écrans morts, en estomacs sans faim, en cerveaux inutiles, en désirs sans amour, amputés de notre vivance, de notre liberté ? La terre n'est ni à vendre, ni à brader, elle est. Fille de l'arbre et de la pierre, j'en appelle au sacré, toutes formes de vie. Des mains de l'eau aux bouches de l'air, de la spore au neurone, je me relie à tout et dénonce, pouvoirs, cupidités et manipulations. Du sol des hommes rouges, je remercie la terre, sa nature patiente sans laquelle nul ne vit. Aux longues routes longues, des rocheuses aux érables, la poussière fourmille riche de persistance. Parole rouge, rauque, je l'entends qui remonte des ancêtres à mes doigts. Et par la force des mémoires, je la sais fraternelle, qui traverse ma main.

 

Ile Eniger

Publié dans Ile Eniger

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