Sécant
Je le reçois sécant ce terrible étrange vide, je n'ose écrire 'néant' tant sa béance avale. Ce monde de plaisirs ineptes, de divertissements abêtissants, de tricheries organisées, de faux amis tissés d'araignées virtuelles, de rires gras ou indifférents abattant la contraignante probité. Tous ces tue la vie en fanfares, ces chaos de niaiseries conditionnant les nouveaux esclavages, ces édulcorants cachant les réflexions individuelles, étouffent les solides poignées de mains, les paroles justes, les engagements fidèles. Où est la présence indéfectible ? Dans ces Jeux du Cirque, je n'adhère pas à ceux qui disent et ne font pas. Je n'adhère pas aux jolies paroles bâillonnant la droiture, je n'adhère pas aux arrangements dans le sens du poil, je n'adhère pas aux rassemblements grégaires rassurant les consciences. Ces pantalonnades, guignolades, simulacres, poussent les marionnettes vers le gouffre virtuel comme la fête aguichait Pinocchio. Attendent-ils de devenir des ânes bâtés pour se souvenir de leur liberté d'être et de choisir ? Ces abîmes de servitudes consenties, d'incartades minimisées, débarrassées du libre-arbitre, leurrent jusqu'à l'âme vendue pour un échange sale. Tant pis si ce texte fait rire ceux qui tremblent déjà de mort intérieure et veulent à tout prix éviter de le voir. Tant pis si ce texte agace. Dans le reg brutal où se perd le sens, attentive dans l'Inconsolable, ma place étroite me tient debout malgré les cailloux blessant mes chaussures. Des larmes coincées quelque part, si je suis le pauvre de moi-même, si je marche vers un but que j'ignore, si ma confiance a peur, mon repère tient toujours, inébranlable, dans l'entière Lumière.
Ile Eniger