Un excédent de bagage
L’âme n’est pas un excédent de bagage. Elle se perd dans une banque ou une ligne de montage. Elle s’efface à l’écran. Elle se meurt à la guerre. Elle survit à la mort et proclame la vie. Orpheline d’elle-même, portant les cicatrices de n’avoir pas aimé, l’humanité se déshérite. Elle a fermé la porte entre le monde des morts et celui des vivants. Resterons-nous assis longtemps à regarder sur nos écrans le désarroi du sens et l’argent sale des banquiers faire couler le sang ? Vaincus par l’apathie, la névrose et l’envie, les fragments du monde ne se rejoignent plus. Des vies entières se leurrent dans un bilan comptable. L’abajoue du silence a égaré ses noix. Je traverse un désert pour une goutte de mot. Au milieu des concepts et des lois qui dénaturent l’homme, je suis un combattant de l’inutile, du presque rien, du pas. Je ne m’attarde pas sur le chrome des choses mais à la lumière des étoiles, à l’alphabet des gestes, au passage du vent. Pour recevoir, il faut attendre tout et non le posséder. Je ne vends pas l’essentiel mais redonne à chacun sa part de lumière. À la mort de chaque homme, je parie sur la vie.