Un simple bout de pain

Publié le par la freniere

Des années de pollens, de dérives, de vagues, des millénaires d’étoiles, de cendres et de pierres, des siècles de nuages, de salive et d’œufs frais, de chants d’oiseaux, de romances et d’os secs, la main qui fait le pain, les pieds qui dansent, les yeux qui pleurent, des années de débris, de lucioles et de sang, des années de sourires,

de feuillages et de feu, des siècles de caresses pour arriver aux armes, aux horaires, aux drapeaux. Des années de folie, d’espérance et de vie pour ajouter nos pas au naufrage des routes, nos sueurs à la faim. Tant de cris, tant de rimes, tant d’écrits, tant de crimes, tant de lumière éteinte pour creuser le silence et mettre le désert entre chaque parole. Notre âme s’est perdue quelque part en chemin. La soif du profit, l’avarice et la haine

 jonchent la terre de cadavres. On ne voit pas le temps mais les rides aux visages, les cicatrices aux arbres, la poussière des choses. La mémoire ne tient plus aux mots

mais aux clous sur la page. De la peau à l’habit, de la glaise au béton, de l’écorce au nickel, de l’accolade aux banques, de la flamme aux églises, de la femme aux poupées,

de la peur à la mort, nous portons entre nous des masques virtuels pour y cacher nos larmes. Les murs voyagent avec nous sans ouvrir une porte. Leurs papiers peints

 nous cachent l’horizon. Diogène sans lampe sans permis sans tonneau je cherche un homme accroupi de bonheur. Je cherche encore un juste dans les salles d’attente, un simple bout de pain qui ne soit pas à vendre.

Publié dans Prose

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