Un temps à s'ouvrir les veines

Publié le par la freniere

 

Comme des lessives déchirées par les puissants vents du nord
mes heures tremblent aux fenêtres
Je me répète souvent qu’il aurait mieux valu ne pas naître
je pardonne mal à ces deux sexes noués qui m’ont jeté ici-bas

je ne réclamais pas la peur la frénésie la solitude
la rue barrée par les ombres des hallucinations
la porte qu’on ouvre avec des gestes craintifs en craignant
de trouver dans le couloir sombre la horde de rats assoiffée de sang

Je n’avais rien demandé Je fus malgré moi conçu
Quarante-deux fois l’angoisse a incendié mes tempes
La nuit mes doigts somnambules tressent la corde du pendu
mes yeux sont le repas des gros insectes qui hantent les lampes

Seule la mer berce la douleur
À la pointe de Trévignon je hume le sel et les cargaisons pourries
la lumière des mouettes déchirant l’écume m’allège
Je sais que j’ai payé mes dettes. Je suis blanc comme neige.

 

André Laude


Publié dans André Laude

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