Une qui ose
C'est toujours une grande tristesse pour moi de constater l'engouement pour les réseaux dits 'sociaux' qui font le plein de prétendus 'amis'. Il faut vraiment que la planète soit malade pour vivre ainsi sous perfusion d'ersatz ! Même certains, en apparence bien plantés dans les baskets de leur vie, semblent adeptes de ces liens inexistants comme s'ils avaient peur de louper quelque chose s'ils n'y participaient pas ! – alors que la seule chose, essentielle celle-là qu'ils loupent ou mettent sous boisseau, c'est le rendez-vous responsable avec eux-mêmes ! Basculer dans une frénésie relationnelle virtuelle, ses néants colorisés , ses encore et encore, ses courses aux amitiés rassurantes orchestrées, voisines de celles de la consommation, du fric et de toutes ces choses inutiles, est un paradis artificiel, une secte mentale, où pataugent ensemble des baleines consentantes échouées. Ainsi entouré de pseudo copains, sur une toile d'araignée bien organisée, peuvent s'oublier tranquillement et à plusieurs, les possibilités d'actions réelles près de chez soi et en soi ! C'est ainsi qu'on voit des gens s'agiter ensemble sur maints réseaux, débattre de ceci ou de cela, et se désintéresser complètement de la solitude, des difficultés, des douleurs, de leurs voisins directs. Mélasse d'un cinéma dangereux, l'amitié virtuelle vire à la drogue chez des gens assujettis à une inexistence qui n'a d'égal que le désintérêt d'autrui dans sa proximité. A quand le monde définitivement en boîte, en images, en pastilles, le cœur, l'âme et les émotions parfaitement décérébrés ? La respiration sous respirateur est en route, l'obésité des faux amis tue l'intérêt réel pour autrui au profit d'un mensonge magistralement distillé par écran interposé qui, sous couvert d'humanité, développe une société d'irresponsables malléables.
Ile Eniger