Une vengeance politique

Publié le par la freniere

Comme on sait maintenant, les Productions théâtrales ont dû annuler les représentations de La guerre des clochers et déposer leur bilan.

À titre personnel, permettez-moi de dire quelques mots là-dessus.

En me montrant solidaire du festival Échofête et en accueillant Gabriel Nadeau-Dubois aux Trois-Pistoles, je m’attendais bien que je devrais en payer le prix, au risque d’y perdre ma réputation et ma crédibilité. Mais la liberté d’expression, que j’ai défendue toute ma vie, me tient à cœur plus que tout et c’est pour cela que j’ai livré une guerre (des clochers) à M. Jean-Pierre Rioux, maire des Trois-Pistoles.

J’ai soupçonné dès le début que la tentative de censurer le représentant de la CLASSE ne venait pas seulement du maire des Trois-Pistoles, mais de plus haut.

Vendredi dernier, nous avons fait appel à M. Jean D’Amour, député de Rivière-du-Loup, afin qu’il verse aux Productions théâtrales le 25 000$ qu’il s’était engagé officiellement à leur attribuer dans le cadre des célébrations du vingtième anniversaire du Caveau-Théâtre. Monsieur Jean D’Amour a préféré renier sa parole plutôt que de faire face à son engagement.

La ville des Trois-Pistoles, par une décision irrévocable de son maire, a aussi refusé de venir en aide aux Productions théâtrales et de leur verser la subvention de 6 000 $ qu’on leur a officiellement promise. Il en a été de même pour le CLD des Trois-Pistoles, la SADC des Basques et la MRC des Basques, organismes qui devaient remettre 6 500 $ aux Productions, toujours dans le cadre des célébrations du Caveau-Théâtre.

Un mécène était prêt à investir 10 000$ si M. Jean D’Amour, la ville des Trois-Pistoles et les institutions d’aide acceptaient de collaborer pour que les Productions puissent continuer d’exister.

Il est évident qu’avec ce 42 500$, les Productions théâtrales auraient été dans la possibilité de faire face à leurs obligations.

Malgré l’engagement que j’avais pris par-devers les comédiens de payer personnellement leurs cachets pour une semaine, le temps que les fonds auxquels nous avions droit entrent, les artistes ont fait appel à leur Union qui nous a tout simplement placés face à cet ultimatum : si nous ne lui faisions pas parvenir un chèque visé dans les vingt-quatre heures, l’Union engagerait des poursuites contre les Productions. Devant le refus du député Jean D’Amour d’honorer son engagement, l’entêtement du maire des Trois-Pistoles et la fin de non-recevoir reçue des organismes des Trois-Pistoles, il n’était plus possible de continuer.

Évidemment, depuis l’annonce par les Productions théâtrales qu’elles feraient faillite, on a facilement trouvé en ma personne le bouc émissaire de cet échec. J’accepte d’emblée tous les blâmes qui ne manquent déjà pas de fuser à mon égard. On doit toujours faire mieux que ce qu’on fait, même si votre santé ne va pas bien et que plutôt que de vous reposer, vous passez deux mois à travailler avec acharnement « pour la cause » dès 4 heures le matin.

Mais je n’accepte pas la censure politique dont les Productions théâtrales ont été l’objet parce que je me suis montré solidaire du Festival Échofête.

On sait que toute cette histoire a commencé avec ce communiqué émis par M. Jean-Pierre Rioux, maire des Trois-Pistoles, M. Jean-Louis Gagnon, président de la Caisse Desjardins de l’Héritage des Basques, M. Jérôme Rouleau, vice-président du CLD des Basques, M. Bertin Denis, préfet de la MRC des Basques, M. Jacques Roy, président de la SADC des Basques et M. Jean-Marie Lafrance, maire de la municipalité Notre-Dame-des-Neiges. Dans ce communiqué envoyé aux journalistes le 20 juillet 2012, on y disait qu’à la suite d’une rencontre, qui avait eu lieu le 23 juillet, avec les organisateurs d’Échofête, on n’en continuait pas moins de penser qu’on avait le droit d’exercer « le droit à la censure ».

Ce communiqué écrit et envoyé aux médias trois jours avant la rencontre prévue avec les organisateurs d’Échofête me paraît tout à fait imputable aux yeux de la loi, comme fabrication d’un faux et diffusion d’un faux dans l’intention délibérée d’induire la population en erreur ; et c’est pourquoi j’ai demandé à mes conseillers juridiques de l’étudier dans la perspective d’engager une action juridique contre ses auteurs.

J’ai fait la même demande à mes conseillers juridiques dans le cas du député Jean D’Amour : un homme politique a-t-il le droit, au nom de la censure politique, de renier un engagement officiellement pris ?

J’ai aussi demandé à la ville des Trois-Pistoles, dans le cadre de la Loi sur l’accès aux documents d’un organisme public et sur la protection des renseignements personnels, qu’elle vérifie l’assertion, pour le moment gratuite puisque personne à l’Hôtel de ville ne peut valider la chose, que la ville des Trois-Pistoles a accordée aux Productions théâtrales (sous-entendu à moi-même) 750 000$.

De mon côté, j’ai exigé de mes comptables qu’ils fassent l’étude de tout l’argent que j’ai investi personnellement depuis vingt ans dans le Caveau-Théâtre, la Maison de l’écrivain et le Bric-à-brac de l’homme-cheval. Car Monsieur Jean-Pierre Rioux, maire des Trois-Pistoles, semble oublier que j’ai mis au moins quelques centaines de milliers de dollars dans cette affaire qui, selon deux analyses faites par le groupe Desjardins Marketing, apportait plus de trois millions de dollars chaque été en ces retombées économiques qui sont si chères à nos dirigeants.

Pour terminer, j’aimerais que M. Jean-Pierre Rioux, qui se vante d’être un modèle de vertu, réponde à cette question : depuis qu’il est maire des Trois-Pistoles, a-t-il reçu personnellement quelque argent que ce soit du Festival Échofête ? Si oui, depuis combien de temps, pourquoi et combien ?

Je tiens à répéter que j’agis en mon nom personnel. Les Productions théâtrales des Trois-Pistoles et le Festival Échofête n’ont rien à voir dans les actions que j’entreprends.

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Victor-Lévy Beaulieu

Le 30 juillet 2012

 

Publié dans Glanures

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