Vers toi

Publié le par la freniere

Je viens à toi comme un chevreuil vers le ruisseau. Poil dressé, écume à l’âme, je brame, je t’appelle, je crie. Je voyage vers ta main, vers l’au-delà, vers toi. L'espace tout entier est notre lieu sacré. Chaque côté ouvre sur l’amour. C’est la même eau où l’on se baigne, la même chair, le même feu. Nos mains se trouvent en se touchant. Mes lèvres s’ouvrent sur ta bouche. Tu me rends plus fidèle à tout ce que je crois, au vol des oiseaux, aux graines qui mûrissent, à la force des hommes quand ils restent debout. La façon d’être ensemble nous prolonge l’un l’autre.

 

Tu es encore plus belle qu’hier. Tu es toujours plus belle. Ta beauté prend toujours une couleur nouvelle. Dansons, mon amour! Ton corps sait si bien inventer la musique. Même si dehors la neige éteint le feu, mon corps s’enflamme sous tes doigts. Tu m’habites dans tout le corps. Tu es le monde dans toute sa plénitude. Tu m’aides à porter ma parole dans toute sa grosseur. Les hommes ne savent rien. Seule une femme leur apprend qui ils sont.

        

Je te vêts tout entière de ce qui touche : les doigts, les lèvres, les murmures. T’écrire, c’est t’aimer. Battre du cœur, c’est t’aimer. Respirer l’air, c’est t’aimer. Boire de l’eau, c’est t’aimer. Respirer l’érable, c’est t’aimer. C’est pour toi que je vis. Je tiens ta main comme un écho, mêlant ma langue à ta parole, mon oreille à la tienne. L’espace est plein de toi. Je m’en nourris. Lorsque tu apparais, les tournesols tournent vers toi. La pluie se lave comme un chat. Les fleurs sont plus belles qu’avant, l’espérance plus grande, la vérité plus vraie. Je ne vis plus éparpillé. Nos centres se rencontrent.

        

Je mets ton ciel en moi, ton sourire partout. Ton regard vertical ne visant que le haut, je grimpe dans tes yeux. Il n’y a rien pour ralentir ta course. Tu veux quitter le poids du monde. Je suis venu pour toi. Je suis venu t’aimer. Je ne céderai pas un seul cil de toi, un seul geste d’amour. Si la pureté existe, si le monde est parfois bon, c’est à cause de toi, mon amour. Il me faut toi pour croire en l’homme.

        

Prends mon temps. Prends mon air. Prends-moi tout. Je t’aime. Mon âme est éprise. Mon corps est amoureux. Il t’aime. Il respire par toi. Il espère pour toi. Tu apportes l’été dans son pays de glace. Tout son sang prend son sens à faire battre ton cœur. Nous sommes assis côte à côte, tendrement, dans la chaleur d’aimer. Tu agences des fleurs dans le vase de ma main et j’y respire tes odeurs.

        

Il n’y a que tes yeux pour lire dans mes yeux, ta main pour agrandir la mienne. De chaque côté du paysage, c’est toi. La gauche et la droite se rejoignent dans tes yeux. Sur tous les tableaux d’embarquement des aérogares, des gares et des ports, je ne vois que ton nom comme destination. Ma langue fouille dans ta bouche pour y trouver l’amour. La pierre que je soulève est légère avec toi, la vie plus chaude, les phrases verticales. Tous mes passeports sont valides pour aller jusqu’à toi.

 

Allant vers toi, je vis. Tu es ce que j’ai de meilleur. Mon cœur ressemble à ton visage quand je parle avec toi. À prononcer ton nom, ma langue bande comme un sexe. D’une page à l’autre, mes mots viennent caresser tes yeux. L’amour existe, je l’ai trouvé. Ensemble, nous allons bien plus loin que nos corps.


Publié dans Prose

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