Fuite d'eau

Publié le par la freniere

Ce ne sont que des Syriens, des zaïdites, des Chrétiens d’Orient, des Kurdes, des Coptes, des Erythréens, un fluide incontinent d’immigrés, diraient certains d’entre nous, mais, pour autant, doit-on tirer la chasse ?

 

Quand il fait de la dérision, Monsieur Sarkozy devrait le savoir, fuir pour sauver sa vie ne se pose pas en terme d’alternative. Ce n’est rien d’autre que le droit légitime à la vie et la sécurité, inscrite dans la "Déclaration Universelle des Droits de l'Homme" (Article 3 : Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne).

 

De même, devrait-il savoir que sauver une personne en péril ne relève pas que de la morale mais du devoir. Jouer du sarcasme et des peurs me semble indigne alors même que des discussions internationales ont lieu autour du sort des Syriens et des Chrétiens d’Orient.

 

Ce que certains comparent à une fuite d’eau, n’est rien d’autre que du sang, de la douleur et de la famine. Fuite, oui fuite il y a, celle de la conscience et de la décence quand on fait d’un drame humain un enjeu de surenchère électorale

 

Notre société occidentale, après bien des tâtonnements, des crimes et des erreurs, ne vaut que par son appartenance à l’Éthique, à la Morale Républicaine et à un Code Civil qui s’applique à tous sans distinction de religion, d’origine et d’opinions politiques quand celles-ci ne portent atteintes ni à la sécurité ni à la dignité d’autrui.

 

Les Droits de l’Homme devraient être l’enjeu primordial de notre société.

 

Condamner l’EI et Boko Haram alors que l’on tourne la tête quand des hommes meurent à nos portes, c’est oublier que la bêtise criminelle des fanatiques n’est en rien différente, dans sa finalité du laisser-faire, de notre indifférence ou de notre lâcheté. Tuer ou laisser mourir se ressemblent.Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est l’avènement du monde que prônait hier un Président de la France quand il affirmait "L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé", ou "La laïcité risque toujours de s’exprimer ou de se changer en fanatisme", et qu’il défendait la primauté de l’enseignement religieux par rapport à l’enseignement laïque.

 

Le drame planétaire que vivent l’Orient et une partie de l’Afrique résulte du triomphe de la religion sur l’École Publique laïque et sur le droit républicain.

 

L’autre volet du drame que vivent des millions d’hommes, en ces temps où la richesse mondiale est accaparée par quelques milliers d’individus et de multinationales, est le résultat d’une indifférence systémique à la misère et à l’insécurité des peuples dans le monde, et la conséquence d’un ordre mondial économique qui contrôle et régit les décisions des grandes puissances sans avoir vocation à partager, à être juste, ou à participer au bien-être des peuples. L’organisation et utilisation de la précarité font partie d’un arsenal stratégique où seul compte l’optimisation des profits.

 

C’est bien parce que la misère humaine se côte en bourse que partout, dans le monde, la précarité génère les migrants et les miséreux qui cognent aux portes.

 

Qui donc posera le problème de la répartition des richesses entre peuples légitimes détenteurs des ressources de leur sol, et exploitants de ces richesses ?

 

Qui donc, en recherche d’équité, veillera à ce que tout homme, d’où qu’il soit, bénéficie d’un minimum vital incluant eau potable, nourriture, soins et enseignement lui permettant la gestion de son avenir ?

 

Qui veillera à ce que les richesses du pétrole, de l’or, des diamants, des terres rares, de l’uranium et des mines, cessent d’être partagées entre exploitants corrupteurs, dirigeants corrompus, et promoteurs de paradis fiscaux ?

 

Combien d’enfants soldats, d’enfants exploités, de femmes et d’hommes esclaves, devront-ils encore mourir avant que l’on se décide à poser et à résoudre le problème des gouvernances économiques et du développement éthique des pays en difficulté ?

 

Combien de femmes et d'hommes, chez nous, tendent la main, se prostituent au coin de nos rues ?

 

Combien de bien-pensants prônent la morale des nantis, et pensent que la répartition est un accroc dans leurs ambitions à posséder plus ?

 

Qui donc, au nom de la raison, de la morale, de l’éthique, de la justice, et du cœur, créera les structures d’un capitalisme humain et raisonné qui fera que les hommes aimeront naître, grandir, et vivre sans danger, là où ils sont nés ?

 

Jean-Michel Sananès

 

Publié dans Jean-Michel Sananès

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Dommage que les trois dernières lignes tiuent toutes les bonnes intentions de ce texte. Le capitalisme par nature le système capitalisme ne se réforme pas. Le règne de l'argent, de la propriété a toujours été un crève-coeur. Au mieux, le capitalisme lâche un peu de lest !le CINR en France, l'Obama care si hypocrite aux 2tats-Unis) pour aneéantir toute espérance de vie, comme nous avons pu le constater en Grèce.