Le prix du sang

Publié le par la freniere

Tout nous vient de la terre,

de l'eau du puits au lait du pis,

du vin des vignes aux petits pois,

des petits poings du temps à la robe des blés.

 

Quand le ciel est trop bas pour se tenir debout,

je me nourris de mots et de cris éperdus.

Je ne suis pas du bois dont on fait les potences.

Je suis de l'homme et de l'érable.

Je débite les ormes en planches de salut.

Je ne suis pas né d'un dieu,

mais de ces bêtes immenses qui mordent l'infini,

d'une saison mal famée,

des têtes fanées dans la maison des fous.

 

Des oiseaux blancs titubent au-dessus des ordures

et transpercent du bec des sacs de misère.

Je resterai malade, s'il le faut,

tant que le monde sera plein de malades.

 

Je suis seul et j'attends,

je ne sais qui ou quoi.

J'apprends ma voix dans les sentiers d'hiver.

Avec le temps qui passe,

j'habite désormais un cimetière d'amis.

Debout sur mes blessures,

j'affronte les matraques.

Je traîne dans les ruines ma besace d'aveugle.

La danse des rainettes fait couiner mes poumons.

Le pays de Merlin n'enchante plus personne

ni le joueur de flûte rameutant ses brebis.

 

Les hommes en armes et les porteurs de bottes

tannent la peau des pauvres.

Locataire d'un corps que je n'ai pas choisi,

je le paie de mon sang.

Les souvenirs remontent à la surface du papier.

C'est tout un monde qui meurt,

quand quelqu'un disparaît.

 

Jean-Marc La Frenière

 

 

Publié dans Poésie

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