Confiné
Confiné à ma chambre,
je voyage dans une autre durée.
Je veux faire de ses murs
autre chose qu’une prison,
faire avec des mots
des phrases qu’on habite,
habiller de couleurs l’arc-en-ciel du cœur.
On est toujours seul devant l’essentiel.
Un regard optique fait ciller la rétine.
Sur ma table de travail,
des papiers résument ma vie,
l’érablière et ma cabane dans le bois,
mes voyages, mes amours,
la naissance des enfants.
Il y a longtemps que j’ai abjuré toute foi,
l’obéissance à l’état,
à l’armée, à la mode,
aux marchands du temple,
le démonisme des pouvoirs,
l’adoration des outils de torture,
croix gammée, Croix du Christ, croix de bois,
la croyance à l’argent,
à la mouvance économique.
Je crois aux meuglements des vaches,
aux roucoulements des tourterelles,
à la sagesse de la flore,
à l’intelligence des fauves,
à la vieillesse du temps,
à la jeunesse de l’éternité,
aux bras tendus des mendiants,
à l’encre des poèmes,
aux enfants nus qui courent sur la plage,
au sexe des étoiles, au vagin de la vie.
Jean-Marc La Frenière