Entre mes bras
Entre mes bras, tu es comme ce vent qui se donne au ruisseau. C'est ensemble que nos corps s'appartiennent. Les verticales s'allongent et l'horizon se dresse. Je fais chanter du doigt les lignes de ton corps. Tes mains comme des pétales témoignent pour la fleur. Il y a toujours quelque chose de neuf entre nous. On ne s'épuise pas en s'épousant. On retrouve son centre, son sens, son absolu. Quand tu m'es apparue, j'ai recommencé à vivre. Le soleil s'est ouvert comme une grande main distribuant sa force à toutes mes cellules. Nous inventons le monde à chaque mouvement.
Je suis venu à toi comme un enfant trouve la vie sans l'avoir cherchée. Chacun de mes pas est un retour à toi. Je me nourris par toi. J'agrandis l'infini. C'est toi mon déjeuner, le pain chaud de l'amour, le pain de fesse, la soif à partager, le café du bonheur. Nos larmes réunies apprennent la caresse. Ensemble nous savons l'éternité possible. Je ne veux pas mourir pour rien. Je veux vivre pour toi.
Si la vie te fait mal, je voudrais que mes doigts allègent le fardeau d'un baume de tendresse. Tous mes mots crient courage. Mes mains tendues vers toi t'apportent l'eau du cœur. Ma vie est debout pour t'aimer, mes doigts liés à tes caresses, mes lèvres sur ta bouche. C'est toi qui donne son regard à l'aube, sa tendresse à la nuit. C'est toi qui parle dans ma tête à chaque fois que je chante. Une ombre bouge dans tes pas comme un chat de lumière. J'aurai connu par toi le bonheur de vivre, l'importance d'être vrai.
La pluie ressemble au chant de l'invisible. Le temps et l'espace ne font qu'un comme deux mains unies, deux corps l'un dans l'autre. Tu me fais croire à l'impossible, l'idée de vivre accolée au bonheur. On ne raisonne pas l'amour. Chaque jour on perd la tête pour retrouver le cœur. On perd ses vêtements pour retrouver sa peau. On perd son nom pour retrouver son âme. La moindre des caresses fait voler en éclats la dureté du réel.
Avec toi, je suis chez moi, partout, n'importe où, toujours. Tu es devenue ma résidence. Ta peau reste collée au moindre de mes gestes. Plus près du cœur que jamais, plus près du corps, je te porte en moi, sur moi, partout. Le galbe de tes bagues redessine mes doigts. Mon âme s'habille de ta chair. Il faut que nos caresses absolvent l'avenir. Nous nous sommes aimés. Nous nous aimons. Nous nous aimerons. Je parcours le monde de tes hanches à tes pieds, tout l'univers d'un sein à l'autre, la mer dans tes yeux. Je passerai ma vie à marcher avec toi. Je passerai ma vie à t'aimer. De baiser en baiser, de caresse en caresse, la distance s'abolit. Nous sommes ce que nous devenons, le même être à deux corps. Nous sommes là, nous aimant, créant un univers où la mort et la vie ne serons que passages. Je ne vois plus la nuit. Tous les côtés de toi m'ont ouvert le jour.
Il y a toujours toi au bout de moi. Il y a toujours ta route sous mes pas, tes lèvres sur ma bouche, ton sel sur ma peau. Les meubles de ton cœur ont remplacé les miens dans la chambre de vie. Dans la matière même de mon corps, il y a aussi tes gestes. Dans la lumière que je vois, il y a surtout la tienne. Mes pas sur la route, je les pose pour toi. Les mots, je les écris pour nous. Lorsque je marche à toi, je vais plus loin que tout. Chaque fois que nous sommes ensemble, c'est une nouvelle vie. Je regarde les fleurs avec d'autres yeux. Ma main gauche se souvient du moindre bout de toi, ma bouche du moindre goût de ta peau, ma main droite du frisson qui animait tes cuisses.
Quand je t'ai rencontrée, j'ai cessé de marcher avec la mort dans mon ventre. J'ai installé une photo de toi sur ma table d'écriture, ta voix dans mes oreilles, la couleur de tes yeux sur le visage de l'âme. La distance entre nous, notre amour l'a franchie. La vitre qui nous séparait, nous l'avons traversée sans la briser. Notre amour rend le monde plus rond. Il saute comme un ballon de mes bras à tes mains. Je voudrais t'emporter sur une île déserte et ne te faire que l'amour. Nous nous ferons du bien. Nous nous aimerons assez pour ne pas mourir.