Les larmes à tête d'épingle

Publié le par la freniere

Le vent court avec la tête haute. Les plantes reprennent vie, les rosaces, les rosiers, les ronciers avec leurs larmes à tête d’épingle. Je n’ai plus pour combattre que la haine à combattre. On m’a donné des mots que j’apprends à connaître, un cœur qui bat comme il le peut, des mains qui cherchent des caresses. Nous, les hommes de l’hiver, savons trouver le feu et marcher sur la neige à l’égal des bêtes, séparer les cendres mortes du bois qui brûle, vérifier la chaleur par la couleur des braises. Je retiens mal mon sang qui court sur la page, mes mots qui font des taches, mes phrases qui débordent. Quand une fenêtre se déplace, quand un arbre s’enfuit, ce sont les yeux qui bougent. À la page blanche du sommeil, j’ajoute le signet du rêve, la ligne d’horizon, un bonheur sans raison qui ne tient qu’à un fil. Les épaules courbées, on croit porter le monde, on n’emporte que soi.

Publié dans Prose

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