Tu étais autre
Dans les no man's land de l’indifférence
Tu étais autre et j’étais étranger
Dans l’étrangeté d’une foule
Tu n’étais qu’un bruit qui passe
Une ombre qui traverse le décor
Et pourtant
Ce jour-là je t’ai entendu
Et il n’a suffi que de cela
Pour tu deviennes parole
Il n’a suffi que de cela
Pour que j’apprenne à te voir
Tu étais rumeur
Et je t’ai écouté
Un bruit qui passe
Et je suis devenu oreille
Tu n’étais qu’un ombre
Et tu es devenu visage
Nous étions étrangers
Et nous sommes devenus
Amis
Le bruit est devenu parole
Depuis
Tes douleurs sont mes pleurs
Le pain est devenu notre pain
Depuis tu sais
Depuis je sais
Que les hommes devraient prêter leur oreille
Et leur voix à consoler
Et leurs mains pour aider
Depuis je sais
Depuis tu sais
Que tes douleurs seront mes pleurs
Tes peurs et mes peurs seront nos peurs
Depuis tu sais qu’aucun horizon
Ne devrait mener ailleurs qu’à l’amitié
Depuis tu sais
Depuis je sais
Que c’est à ignorer l’autre
Que l’on fait les frontières et les guerres
Depuis tu sais et depuis je sais
Qu’être homme
N’est autre que savoir être humain
Tu n’étais qu’un bruit qui passe
Dans l’étrangeté d’une foule
Tu étais autre et j’étais étranger
Tu étais étranger et j’étais autre
Nous n’étions que bruit qui passe
Et nous nous sommes écoutés.
Jean-Michel Sananès
http://chevalfou.over-blog.net
Aucune nuit n'est plus large que le rêve