Une rime à l'espoir
Nous n’avons qu’une vie
pour affronter la mort,
tant de haine en nous
pour abréger l’amour.
Quand le cœur des enfants
disparaît dans les choses
ils deviennent des adultes.
entre valiums et somnifères
Ils laissent l’erre d’aller
pour suivre l’air du temps.
Ils laissent les patrons
leur faire des grimaces
et des entourloupettes
sans penser aux oiseaux,
aux enzymes, aux rivières
qu’ils tripotent au laser.
On n’a plus le temps
d’ouvrir les mots,
un seul mot pour vrai.
On n’a plus le temps
d’ouvrir les yeux,
d’ouvrir les bras,
de fermer les écrans.
On n’a plus le temps
d’ouvrir le temps
pour y voir l’espace
où naissent les images,
une seule image vraie.
Au tableau vert des feuilles
il manque toujours un mot
à côté du silence.
Il manque toujours un ver
dans la pomme des idées.
Il manque toujours un vers
au poème du cœur.
Il manque toujours du cœur
pour les verres trop pleins
et les ventres trop vides.
Il manque toujours la vie
dans le rictus des rides.
quand le cœur de l’enfance
se dessèche à l’usine,
à la banque, à la morgue
et aux tours à bureaux.
Il manque à ce poème
une rime à l’espoir.
Jean-Marc La Frenière